Folklore
La folkloriste Ruth L. Tongue raconte un conte populaire du Somerset où un chêne aide une fille à s’échapper d’un roi cruel en lui envoyant une branche s’écraser sur sa tête. Les hommes du roi viennent abattre l’arbre, mais cela ne leur porte pas chance :
Oh they rode in the wood, where the oaken tree stood
To cut down the tree, the oaken tree
Then the tree gave a groan and summoned his own,
For the trees closed about and they never got out
Of the wood, the wonderful wood.
Oh ils allèrent dans la forêt, là où se trouvait le chêne.
Pour abattre l’arbre, le chêne.
L’arbre poussa alors un grognement et appela les siens,
Pour que les arbres les enferment et qu’ils ne sortent jamais
De la forêt, de la merveilleuse forêt[1].
Dans un autre conte de la même source, la Renarde et les Hommes du Chênes, les esprits du chêne cachent une renarde poursuivie par les chasseurs et leurs chiens, car ils « protègent tous les animaux des bois ». Quand les poursuivants sont partis, « l’Homme du Chêne » invite la renarde : « Essuis tes pattes endolories dans le bassin de réserve de pluie de notre chêne », ce qui permet à ses coussinets déchirés de cicatriser et à sa fourrure de repousser.
Dans la mort, là aussi, il est possible de ressentir la puissante présence du chêne telle celle d’un être vivant. John Aubrey écrivait au 17e siècle : « Quand un chêne tombe, avant sa chgute il émet une sorte de grognements que l’on peut entendre à des milles à la ronde, comme si le génie du chêne se lamentait. Le chevalier E. Wyld, l’a entendu pluisuers fois[2]. »
Un chêne célèbre, porteur de gui dans le Derbyshire avait encore la réputation d’être semi-humain au 19e siècle. Si ses branches étaient endommagées, il hurlait et saignait, et il prophétisait des malheurs. Aubrey parle aussi d’un chêne dont le gui avait été coupé et vendu à des apothicaires londoniens ; ils connurent tous ensuite de terribles malheurs :
L’un fit faillite peu de temps après ; très vite tous les autres perdirent un œil , et celui qui voulut abattre l’arbre, bien qu’averti des malheurs cités, s’aventura malgré tout à le faire ; peu après, il se cassa une jambe. Comme si les Hamadryades avaient résolu de se venger pour la blessure faite à leur vénérable chêne sacré.
La puissance de vengeance du chêne était célèbre, particulièrement dans le Somerset où, jusqu’il y a peu, on considérait cet arbre avec beaucoup de respect car on le savait doté d’une puissance formidable. La colère des chênes qui avaient été abattus était bien connue, aussi les gens évitaient soigneusement de s’approcher des taillis où restaient les souches d’arbres tombés. Ruth Tongue écrit qu’en 1945 son chauffeur refusa de passer par un bosquet qui avait été rasé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une histoire locale raconte aussi, au sujet de la famille Carming qui est tombée en disgrâce car ses membres n’ont pas tenus compte de la puissance du Chêne. Que Carmer et son fils aîné étaient si avides qu’ils coupèrent tous les chênes d’un bosquet voisin, bien qu’ils aient beaucoup de bois chez eux. l’histoire continue :
« Les arbres ne dirent rien – ce qui était mauvais. S’ils parlaient un peu, vous auriez un avertissement, mais s’ils font le mort, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va vraiment pas. Et il en fut ainsi. Il est à craindre que le grand chêne fit tomber une branche sans crier gare sur le fermier et son fils aîné. Les tuant tous les deux sur le coup, mais quand le plus jeune vint pour secourir les morts, le bruissement de l’arbre était assourdissant. »
Le plus jeune fils fut épargné parce qu’il avait toujours été respectueux envers les arbres, qu’il avait toujours demandé au « grand chêne près de la porte » s’il pouvait passer quand il entrait dans le forêt. Après avoir hérité de la ferme, « les arbres ne les ont jamais plus poursuivis, enfermés ni fait tomber de branches sur eux[3]. »
Aujourd’hui, les manifestants se battent désespérément pour sauver ces vénérables Anciens des bulldozers et autres armes de la guerre contre la Terre Vivante. J’ai le fantasme qu’un jour, juste comme le second livre des Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, le « Prince Caspian », les arbres se lèvent d’eux-mêmes et se mettent en marche comme une tempête d’été pour mettre fin à ceux qui veulent remplacer leur beauté et leur grandeur par du béton et du goudron. Dans ce cas, le Chêne sera sans aucun doute le formidable général conduisant cet assaut.
[1]Forgotten Folk-tales of the English Counties de Ruth L. Tongue e 1970
[2]Cité dans Grignon, ibid.
[3]The Folk-lore Society de Ruth L. Tongue en 1965
Traduction Okada