Protection contre le mal
On a également largement utilisé le noisetier au fil des siècles pour la protection contre le mal. Finn portait un bouclier en bois de noisetier qui le rendait invincible à la bataille. Rien de mal ne pouvait pénétrer une haie de noisetier plantée autour d’une maison ou un poitrail de son bois sur un cheval. Un capitaine de navire portant un bonnet dans lequel avaient été insérée des morceaux de bois de noisetier était sûr de pouvoir braver toutes les tempêtes. On roussissait le poil du dos des bêtes que l’on faisait passer entre les feux de Beltaine et du Solstice d’été avec des brandons de noisetiers pour la protection contre la maladie et le mauvais œil ; ces bâtons roussis étaient ensuite utilisés pour les mener tout le reste de l’année. Dans l’Est de l’Angleterre, les villageois coupaillent des branches de noisetier le dimanche des Rameaux et les mettaient dans des pots remplis d’eau autour de leurs fenêtres comme protection contre le tonnerre et la foudre – il est fort possible que ce soit un signe de l’influence norroise dans cette zone, les noisetiers étant utilisés homéopathiquement contre les éclairs du Dieu du Tonnerre. Une légende célèbre raconte que saint Mungo, qui a vécu au septième siècle, fut dans l’incapacité d’allumer les lampes du monastère un jour où c’était son devoir de le faire au chant du coq parce que quelques garçons malveillants avaient éteint le feu. Il sortit du monastère désespéré mais pensa à cueillir une badine de noisetier et, lorsqu’il revint à l’église avec celui-ci, priant pour l’aide du ciel, un feu jaillit de la branche.
Quand le mal devint synonyme de sorcellerie dans l’esprit des gens, le noisetier fut intensément utilisé pour la protection contre les Sorcières. Le livre « Discoverie of Witchcraft » (Découverte de la sorcellerie, datant de 1584) recommande de couper une baguette de noisetier « le jour du Sabbat, avant le lever du Soleil » pour en faire un charme contre les sorcières et les voleurs. L’écrivain Thomas Pennant du dix-septième siècle décrit dans son livre « Tours of Wales » (Visite du Pays de Galles) comment les cadavres étaient enterrés avec des bâtons de noisetier pour empêcher les nuisances sorcières dans le Merionethshire. Le noisetier protège contre la maladie ; il était également un remède magique puissant. En Irlande, une noisette dans la poche évitait les rhumatismes ou le lumbago que l’on croyait être causés par des flèches d’elfes[1] ; une double noisette prévenait des maux de dents. Dans la légende primitive de St Melor, un abbé récolta des noisettes qu’il offrit au saint. En les recevant, la main artificielle de ce dernier redevint de chair et de sang. Dans un ancien charme permettant de soigner une morsure de vipère, il est demandé de placer un morceau de bois de noisetier en forme de croix sur la blessure, et de répéter le texte suivant :
Underneath this hazelin mote,
There’s a braggoty worm with a speckled throat,
Nine double is he,
Now from eight double to seven double
And from seven double to six double
and so on until:
And from one double to no double,
No double hath he
Sous cette petite tache en forme de noisette
Il y a un ver fanfaron à la gorge tachetée,
il est neuf fois plus grand,
Maintenant de huit fois à sept fois
Puis de sept fois à six fois
Et ainsi de suite jusqu’à :
Et de une fois à plus du tout,
Il n’y a plus de ver du tout
Le pouvoir magique du noisetier continue de vivre à chaque fois qu’un sourcier utilise une baguette de coudrier pour trouver de l’eau. Lorsque la baguette ploie pour révéler la présence de celle-ci dans la terre, il est possible que ce soit parce qu’il s’efforce de renouer avec ses ancêtres, les neuf arbres sacrés du Puits de la Sagesse, au plus profond de la mémoire de la terre.
[1]Elfshot en Anglais. Il s’agit de petites météorites en forme de pointe de flèche que les anciens pensaient être tirées par les Elfes.
Traduction Okada