Le Sorbier des oiseleurs

Famille : Rosacées
Nom botanique : Sorbus aucuparia
Noms populaires : Arbre Ă  grives, Cormier des chasseurs, Thymier ; en Anglais : Mountain Ash (FrĂȘne des montagnes), Quicken Tree (Arbre qui pousse vite), Witch Tree (Arbre des sorciĂšres)
Gaélique : Caorann
Irlandais : Caorthann
Ogham celtique : Luis
Vieux Celte : Kair

Description

Le sorbier est un petit arbre Ă  feuilles caduques, que l’on trouve en altitude ; il est parfois appelĂ© « la Dame de la Montagne » (selon Paterson). Bien qu’il prĂ©fĂšre les hauteurs, il peut pousser partout et j’ai Ă©galement vu des Sorbiers s’épanouir dans les basses terres (voir l’illustration ci-dessus du Sorbier de Glastonbury en Angleterre).
La forme de l’arbre ressemble Ă  celle du FrĂȘne, bien qu’ils ne soient pas de la mĂȘme famille. En tant que rosacĂ©e, le Sorbier est apparentĂ© au Rosier, au Pommier, Ă  l’AubĂ©pine, au Prunellier et au Cerisier ; il fait rarement plus de 10 mĂštres de haut et peut vivre jusqu’à deux cents ans.
Les feuilles, longues et minces, poussent par paires. En Mai, les petites fleurs de Sorbier se regroupent en grappes blanc crĂšme. En automne, les baies rouges vifs font le rĂ©gal des oiseaux. Le Sorbier pousse Ă  profusion dans les Highlands d’Écosse oĂč l’on dit que la couleur rouge vif de ses baies est Ă  l’origine de celle des tartans (selon Paterson).

Nutrition

La baie de Sorbier est amĂšre, mais elle est excellente dans les pies (tartes ou tourtes), en gelĂ©e ou en confitures, quand elle est mĂ©langĂ©e Ă  du sucre ou des fruits doux. On en fait Ă©galement des jus ou du vin. Les baies fournissent de la vitamine A et C, du carotĂšne, de la pectine et de l’huile essentielle ; elles stimulent le systĂšme immunitaire. (Hageneder).

Spiral triskelion (formed from mathematical Archimedean spirals), occasionally used as a Christian Trinitarian symbol

Propriétés médicinales

Les baies de Sorbier ont des propriĂ©tĂ©s laxatives ; on peut Ă©galement les utiliser contre les maux de gorge, l’inflammation des amygdales, l’enrouement et mĂȘme la diarrhĂ©e. Une dĂ©coction d’écorce sert d’astringent (Hopman).

Folklore

Le Sorbier est l’un des arbres les plus sacrĂ©s de la tradition populaire Ă©cossaise : « La tradition Ă©cossaise ne permet pas l’utilisation de son bois, de son Ă©corce, de ses feuilles ou de ses fleurs, ni leur coupe, Ă  l’exception d’une utilisation dans un cadre sacrĂ© et sous certaines conditions. » (Fife)
Le Sorbier est l’un des arbres associĂ©s Ă  Sainte Brighid, la patronne celtique des arts, de la guĂ©rison, de la forge, du filage et du tissage. Les fuseaux et les rouets Ă©taient traditionnellement fabriquĂ©s en bois de Sorbier en Écosse et en Irlande. Les Sorbiers poussant prĂšs des cercles de pierre en Écosse Ă©taient rĂ©putĂ©s particuliĂšrement puissants. On disait que les FĂ©es Ă©cossaises tenaient leurs cĂ©lĂ©brations Ă  l’intĂ©rieur des cercles de pierre protĂ©gĂ©s par les Sorbiers. Les interprĂ©tations modernes de l’Ogham celtique placent le Sorbier, appelĂ© Luis, en arbre sacrĂ© du mois de FĂ©vrier.
On accrochait des rameaux de Sorbier au-dessus des portes d’entrĂ©e des maisons comme des granges pour en protĂ©ger les habitants de la malchance et du mauvais Ɠil. C’était l’un des arbres sacrĂ©s des Druides, utilisĂ© pour la protection contre la sorcellerie et les esprits malfaisants. Les Druides brĂ»laient le Sorbier sur les bĂ»chers funĂ©raires car il symbolisait Ă©galement la mort et la renaissance. Les Druides Ovates et Voyants brĂ»laient le Sorbier dans des rites de divination et pour invoquer les esprits, et les Druides utilisaient son bois dans les rites de purification. Les anciens Bardes considĂ©raient le Sorbier comme « l’Arbre dus Bardes », car il apportait le don de l’inspiration. Le Sorbier est l’un des neuf bois sacrĂ©s que l’on brĂ»le dans le feu de Beltaine. Le Sorbier est aussi associĂ© aux dragons et aux serpents – les Sorbiers sacrĂ©s Ă©taient autrefois gardĂ©s par des dragons.
En AmĂ©rique, le Sorbier est habituellement appelĂ© le FrĂȘne des Montagnes. La plupart des sources maintiennent que le mot anglais « Rowan » (Sorbier) est dĂ©rivĂ© du mot norrois « rune », qui signifie charme ou secret, et de « runa », mot sanskrit dĂ©signant le magicien. Cependant, selon Elizabeth Pepper, Rowan » est un mot Ă©cossais, dĂ©rivĂ© du GaĂ©lique Rudha-an, qui signifie « le rouge ».
Les Norrois qui ont envahi l’Écosse prĂ©levaient sur le sorbier le bois servant Ă  graver les runes pour en faire des amulettes. À l’ùre chrĂ©tienne, on prenait des rameaux pour se protĂ©ger contre les sorciĂšres, la sorcellerie, la magie nĂ©faste et le Mauvais ƒil. On en faisait Ă©galement une croix liĂ©e avec un fil rouge que l’on attachait aux portes et aux granges pour que les habitants et le bĂ©tail soient Ă  l’abri des enchantements, en rĂ©citant ce charme : « Ruban rouge et Sorbier, sorciĂšres fuyez ». Des cannes de marche en bois de Sorbier servaient Ă  protĂ©ger l’utilisateur des esprits des bois.
Le Sorbier est aussi appelĂ© l’Arbre des SorciĂšres ; on peut en faire une baguette pour trouver les mĂ©taux prĂ©cieux, exactement de la mĂȘme maniĂšre que celle de coudrier permet de trouver les sources d’eau. Les sorciĂšres utilisaient le Sorbier pour augmenter leurs pouvoirs psychiques, pour les sortilĂšges de guĂ©rison, de succĂšs, de protection et en utilisaient souvent le bois pour leur baguette magique.

Histoire

La pratique de la magie populaire Ă©tait un signe de sorcellerie dans l’Écosse du XVIIe siĂšcle. Margaret Barclay a Ă©tĂ© jugĂ©e pour sorcellerie Ă  Ayrshire, en Écosse, en 1618. Ce fut sur la preuve accablante, trouvĂ©e en sa possession, d’un charme fabriquĂ© sur du bois de Sorbier – une baguette de Sorbier liĂ©e avec un fil rouge pour la protection – qu’elle fut accusĂ©e. (Pepper)

Spiral triskelion (formed from mathematical Archimedean spirals), occasionally used as a Christian Trinitarian symbol

Bibliographie

Gaelic Dictionary by Malcolm MacLennan, Acair and Mercat Press Publishers, Edinburg, 1979
Warriors and Guardians: Native Highland Trees by Hugh Fife, Argyll Publishing, 1994
The Spirit of the Trees, Science, Symbiosis and Inspiration, by Fred Hageneder, Floris Books, Edinburgh, 2000
The Heritage of Trees, History, Culture and Symbolism, by Fred Hageneder, Floris Books, Edinburgh, 2001
Tree Wisdom, The Definitive Guidebook, by Jacqueline Memory Paterson, Thorsons Publishing, San Francisco, 1996 – Le Petit Livre des Arbres
The Wisdom of Trees, by Jane Gifford, Sterling Publishing, New York, 2001
Celtic Tree Mysteries, Secrets of the Ogham, by Steve Blamires, Llewelyn Publications, St. Paul, 1997
The Book of Ogham, the Celtic Tree Oracle, by Edred Thorsson, Llewelyn Publications, St. Paul, 1992
Ogham, the Celtic Oracle of the Trees, by Paul Rhys Mountfort, Destiny Books, Rochester, Vermont, 2001
Celtic Tree Magic, by Elizabeth Pepper, The Witches Almanac, Ltd., Rhode Island, 1996
Tree Medicine, Tree Magic, by Ellen Evert Hopman, Phoenix Publishing, Custer, WA, 1991

Traduction Okada