Bilan annuel 2015

En fin de compte, l’univers ne peut s’expliquer qu’en termes de célébration. Thomas Berry

L’année dernière – année de notre cinquantième anniversaire – a été si chargée et passionnante que je croyais que 2015 risquait d’être calme – apportant même avec elle un sentiment de douche froide, un “gueule de bois” qui dure en quelque sorte, après les célébrations de 2014. Quelle erreur de ma part !

L’année de l’Ordre a débuté dans la forêt magique de Brocéliande à Samhain, avec plus de 100 personnes participant à la cérémonie, que nous avons menée dans le jardin de l’Abbé Gillard à côté du presbytère de Tréhorenteuc. Quelques nuits auparavant, le groupe s’était réuni au-dessus du village parmi les pierres du “Jardin des Moines” pour assister à un rituel mené exclusivement par des femmes de l’Ordre – une régale envoûtante à la lumière des lanternes.

En arrivant à décembre, le temps était venu pour le Rassemblement de l’Hiver à Glastonbury, avec son rituel mené au Chalice Well, suivi du rituel du gui à la Mairie. Le Grove of the Summer Stars à Wellington, Nouvelle Zélande, a organisé sa retraite annuelle au mois de février. En mars, des membres au Sud des États-Unis ont tenu leur premier rassemblement sur la côte du Golfe du Mexique, et en avril, Stéphanie et moi avons été invités à une soirée du “Best of Britain” à l’hôtel Ritz de Londres pour représenter le Druidisme. Au mois de mai, quelque 100 membres se sont réunis dans un château en Allemagne pour un “Rassemblement autour du Tilleul”, pour des conférences, des ateliers et des Eisteddfodau. Une retraite de l’Ordre a aussi eu lieu ce même mois à Cae Mabon au Pays de Galles et, arrivant à juin, l’époque est venue d’encore un Summer Gathering à Glastonbury. Là, nous avons eu un invité de marque, l’harpiste Myrddhin, accompagné par son amie Élisa. Après le weekend, moi-même, en compagnie de Susan Jones et de Penny Billington, avons animé un atelier consacré à la présentation de conférences et à l’organisation d’ateliers, un programme de formations que nous comptons renouveler à l’issu de chaque rassemblement de Glastonbury pendant un certain temps, afin d’encourager une génération nouvelle d’enseignants et de conférenciers sur le Druidisme. À Lughnasadh, les White Horse Camps ont tenu leur dernière retraite à Westmill Farm, dans le Wiltshire. L’OBOD a commencé à organiser des retraites à cet endroit en 1994, et je n’oublierai jamais être resté debout cet année au milieu du champ, 21 ans plus tard, avec une énorme pleine lune des récoltes se levant derrière l’estrade, alors que l’ensemble CelticVedic, nouvellement créé, attaquait son premier concert. Au mois suivant, deux membres – Jonathan Woolley et Elizabeth Cruz – ont proposé une conférence à Cambridge intitulée Generation Hex : the Politics of Contemporary Paganism, alors que Dahm, le Barde et Cerri, accompagnés de Kris Hughes, sont partis en avion pour assister au East Coast Gathering tenu lors de l’équinoxe d’automne à Milford, Pennsylvania.

Lors d’Alban Elfed, de ce côté-ci de l’Atlantique, le British Museum a inauguré, avec un élan spectaculaire, son exposition Celts: Art & Identity. Dans l’atrium du musée, lors de la fête de lancement, on a fait sonner un carnyx, cor à caractère guerrier ; les invités se sont rassemblés pendant que le directeur du musée et Jeremy Paxman ont parlé de l’exposition. Ensuite, Julia Farley, érudit du Mt. Haemus, nous a conduits pour visiter les éléments exposés : le fabuleux chaudron de Gundestrup, le bouclier de Battersea, de merveilleux trésors de l’Eisteddfod gallois – une épée massive et un cor hirlas, ou corne d’abondance, sur support de dragon, qui aurait étonné Gandalf lui-même. Pour couronner le tout, l’œuvre de notre ancien Pendragon, Will Worthington, remplit la dernière vitrine de l’exposition avec une copie du DruidCraft Tarot et des exemples de cartes rangées à côté des cartes issues du Druid Animal Oracle. Quel hommage payé à la représentation par Will d’artefacts celtiques !

J’ai parcouru les événements majeurs qui ont eu lieu dans le monde de l’OBOD depuis le dernier Samhain, mais cette liste n’est guère exhaustive. Des Clairières et des groupes de membres ont organisé diverses activités. Il y a eu des gorsedds de Druides et d’Ovates en Grande-Bretagne, des journées bardiques au Pays-Bas, et il y a forcément eu d’autres activités dont je n’ai pas eu connaissance.

Dans le domaine de l’édition, cette année a connu un flux ininterrompu de livres écrits par des membres et des amis druidiques :
Celts: Art and Identity, par Julia Farley et Fraser Hunter. Il s’agit d’un grand tome illustré produit par le British Museum pour accompagner leur exposition du même nom. Si vous avez visité l’exposition, vous aurez envie de le procurer. Si vous n’avez pas la possibilité de vous y rendre, ceci est la meilleure solution de rechange.
Celebrating Planet Earth: A Pagan/Christian Conversation. Il s’agit du livre issu de la conférence d’Ammerdown qui, l’année dernière, a réuni des Druides, des Païens et des Chrétiens. Édité par Denise Cush.
The Wisdom of Birch, Oak and Yew. Se connecter à la magie des arbres pour être orienté et transformé, écrit par Penny Billington, éditrice de Touchstone. Ce livre se concentre sur la façon dont ces trois arbres peuvent transformer votre vie.
This Ancient Heart: Landscape, Ancestor, Self. Édité par Paul Davies & Caitlin Matthews. Préface par Graham Harvey, Postface par Ronald Hutton. Il s’agit d’une collection fantastique de dissertations, toutes enrichissantes, dont celles d’Emma Restall Orr, de Philip Shallcrass, de Jenny Blain et de Penny Billington.
Tarot Therapy (jeu de cartes et livre). Steve Hounsome, Mentor Coordinateur assistant pour l’Ordre et auteur/formateur de l’Ordre de longue date, qui a produit un jeu de cartes de toute beauté créé à l’aide de photos de la nature, accompagné par un livre focalisé sur le travail du Tarot en tant qu’outil thérapeutique.
Celtic Tree Magic, par Danu Forest. L’auteur jette un regard neuf sur la connaissance de l’Ogham et aborde les moyens à notre disposition pour travailler de façon magique avec les arbres.

Sacred Falls: St. Nectan and the Legacy of the Dragon, par Roland Rotherham. Il s’agit d’un livre, merveilleusement illustré, à couverture rigide, dont l’auteur a récemment traité le même sujet en détail lors de deux podcasts de Druidcast.
Pagan Dreaming: the Magic of Altered Consciousness, par Nimue Brown. Il s’agit d’un guide pour faire du rêve une part significative de votre vie spirituelle.
Book of Keltria: Druidism for the 21st Century. Édité par Tony Taylor, qui a rassemblé des dissertations intéressantes sur le rituel, la mythologie, la méditation, la théologie et l’histoire des Druides.
The Well of Five Streams, par Erynn Rowan Laurie. Elle se décrit comme théologienne polythéiste celtique. L’ouvrage comprend des essais sur des voies non celtiques, des examens de traditions poétiques gaéliques, des réflexions sur la folie sacrée, la communauté et les enthéogènes, le rôle du gendre dans Brigidine, le gardiennage du feu, et bien d’autres sujets.
Sacred Gifts: Reciprocity and the Gods, par le Rév. Kirk Thomas, Archidruide de l’ADF. Le texte explore le développement des relations personnelles avec les Dieux et avec les Esprits.
Dreaming with Freya et Just Add Blood, tous deux par Kennan Elkman Taylor, membre de l’OBOD de longue date en Australie. Les livres explorent, respectivement. la sexualité et le paranormal, et la science des runes.
Snowdonia Fold Tales, par Eric Maddern, Barde honorifique de l’Ordre, conteur et chanteur, qui a rassemblé ici les vieux contes traitant de Bran le Béni, de Taliésin et de Merlin, en leur insufflant une vigueur toute nouvelle ; et finalement.
Mountain Magic: Celtic Shamanism in the Austrian Alps, par Christian Brunner.

Et comme nous sommes partiaux, accordons la place d’honneur à un livre publié cette année par Slippery Jacks Press pour le compte de l’OBOD. Donnant la vedette au génie graphique extraordinaire de Sharon Zak, ce livre, intitulé The Golden Seed – Celebrating 50 Years of OBOD, a dû à l’initiative de Sharon, qui a invité des membres dans le monde entier à contribuer des œuvres d’art, de prose et de poésie. C’est une collection éblouissante, étendue et haute en couleur, empreinte de joie et d’inspiration. Notre contribution, de la part du siège de l’Ordre, a été de rajouter, dans une pochette à l’intérieur de la couverture du livre, un DVD qui contient trois films sur l’Ordre, dont un documentaire de 25 minutes sur les célébrations du jubilé d’or réalisé par Kevin Redpath. Vous avez aussi la possibilité de regarder le film en ligne sur Youtube. Toutes les recettes de vente de ce livre sont consacrées à la plantation d’un bois sacré d’arbres en l’honneur de Nuinn, fondateur de l’Ordre. Rajoutées à d’autres dons d’argent, nous avons réussi à ce jour à financer 1000 arbres pour le bois de Nuinn !

Si les livres semblent avoir effectivement proliféré cette année, il en va de même pour les périodiques. L’Aontacht de Druidic Dawn a sorti deux numéros excellents, et une nouvelle revue étonnante a été lancée cette année, Druid: On Being an American Druid. Produite par une équipe de membres aux US, c’est franchement remarquable. Le numéro d’automne vient de paraître – c’est gratuit, c’est en ligne, en couleur, contient des vidéos intégrées, et ce numéro est rempli à bloc – avec 97 pages de contributions formidables venues du monde entier. Il suffit de vous rendre sur druidmagazine.com.

L’année 2015 a été la toute meilleure quant aux revues produites par des membres : Serpentstar en Australie, Le Menhir pour des lecteurs francophones, Druidstein pour les lecteurs germanophones, Il Calderone pour des italianophones – toutes sont fabuleuses, et vous pouvez les trouver toutes, facilement, S’agissant du monde virtuel, nous avons fermé cette année le site Ning, Druidspace – il était clair que les besoins des membres étaient déjà bien satisfaits par les divers sites OBOD de Facebook, en tandem avec le “Message Board” du Druid’s Head, sur druidry.org, qui est en cours de rénovation.

Tournons notre attention à présent sur les progrès de trois parmi les projets de l’Ordre : The One Tree Gathering, le prix de Mt. Haemus, et la formation pour devenir célébrant.

En février, des membres du Cornovii Grove, Keith et Fran Southall, se sont envolés pour Mysore afin de représenter l’Ordre et le projet One Tree auprès du “Rassemblement des Anciens,” qui a lieu en Inde tous les trois ans ; un article concernant leur voyage a été publié dans Pagan Dawn, publication du Pagan Federation. Ensuite, au mois d’août, ils ont organisé un rassemblement de One Tree chez eux dans le Worcestershire. Dans une grande tente, 30 membres de la communauté hindoue et 30 de la communauté druidique se sont rencontrés pour discuter de sujets d’intérêt commun, pour prendre part à des rituels hindous et druidiques et pour entendre jouer le nouveau groupe CelticVedic. Une nouvelle page sur le projet est actuellement en ligne : druidry.org / events-projects / one-tree-project.

Peu après Beltaine a été publiée la seizième conférence de Mount Haemus : Gathering Mistletoe – an Approach to the Work of E. Graham Howe, par Ian Rees. Par ailleurs, durant l’été ont été nommés deux érudits de Mt. Haemus : pour le prix de 2016, Mike Darton, qui mène des recherches sur l’alphabet des Oghams, et, pour 2017, Jonathan Wooley, qui se penche sur le Druidisme du point de vue anthropologique. Le prix est décerné tous les ans, et l’étude présentée est publiée en ligne. Tous les huit ans, les études réunies sont éditées sous forme de livre. Le Volume II est prévu pour l’année prochaine et sortira le 3 septembre 2016 lors de la quatrième conférence de Mt. Haemus Day, qui se tiendra cette fois-ci dans un centre de conférence éco dans une exploitation agricole biologique dans le Berkshire.

Il y a deux ans, nous avons annoncé une section sur le site web de l’Ordre pour permettre aux membres faire connaître leurs services en tant que célébrants. Ensuite, l’année dernière, nous avons organisé une retraite durant cinq jours pour des célébrants ou pour ceux intéressés à s’engager dans cette voie : cette manifestation a été une énorme réussite. Grâce à leur formation en matière de rituel, les membres de l’OBOD occupent une place idéale pour remplir le rôle de célébrant, et cette année nous lançons un programme de formation. JJ et moi avons animé un atelier sur ce sujet au Pays-Bas, et l’année prochaine nous irons en Allemagne. Entre temps, nous avons mis en place, en ligne, un cours à six séances sur le sujet de diriger des funérailles, dirigé par River Jones. Plus tard l’année prochaine, nous comptons proposer un cours similaire pour ceux désireux de conduite des cérémonies de mariage et de don du nom. Ensuite, en octobre, nous allons organiser une seconde retraite pour célébrants à Crowborough, dans le Sussex.

Quoi d’autre pendant l’année dernière ? Quelques nouveaux articles fantastiques ont été contribués par des membres à la bibliothèque en ligne de l’Ordre, et une exposition sur le Kibbo Kift vient d’être inaugurée dans le Whitechapel Gallery à Londres. Des rapports intéressants existent entre le Kibbo Krift et l’OBOD – car Nuinn connaissait son fondateur, John Hargrave. Il y a donc, à présent, deux expositions fort intéressantes à Londres : au British Museum et à Whitechapel Gallery.

Entre temps, The Warrior’s Call – l’initiative des Païens Unis Contre la Fracturation Hydraulique, lancé par des membres de l’OBOD, prend de l’ampleur. Ils possèdent un nouveau site web formidable, et nous sommes nombreux à avoir participé, le 26 septembre, à leur initiative “Beacons in the Dark,” lorsque des groupes se sont unis autour d’un phare afin d’émettre une onde d’énergie protective tout autour de la terre. Il semblerait que la fracturation hydraulique en Grande-Bretagne soit actuellement devenue lettre morte, mais il faut rester vigilant, et le Warrior’s Call continuera à monter la garde pendant un temps certain j’imagine.

Plusieurs parmi nous avons voyagé pas mal, à donner des conférences ou, comme dans le cas de notre Pendragon Dahm, en parlant, chantant, et jouant d’un instrument. Dahm s’est rendu en Australie, en Allemagne et aux États-Unis. J’y vais aussi la semaine prochaine, et en juillet j’ai fait une présentation devant un groupe de membres et d’amis à Kirkwall, capital des Orcades. Un de ces jours il va falloir organiser une retraite dans ce lieu magique balayé par les vents !

Pour conclure, laissez-moi vous parler d’un endroit extraordinaire que Stephanie et moi avons visité le week-end dernier. Il s’agit de Talliston House, dont le propriétaire, John, a créé un monde totalement superbe en partant d’une maison jumelée ordinaire dans l’Essex. En tant que Druide, John connaît fort bien son symbolisme, et chaque coin et recoin de la maison et du jardin est insufflé de signification spirituelle. L’achèvement du projet a demandé 25 ans, et John souhaitait qu’elle reçoive une bénédiction druidique.

En arrivant à la maison, nous nous sommes trouvés, comme Alice, à être entraînés dans un autre monde. En en émergeant trois heures plus tard, on m’a demandé de me tenir à côté d’une énorme pierre que John avait dressée dans le jardin de devant, et c’était là que j’ai donné ma bénédiction :

Dans tous nos cœurs se cache un rêve qui attend la naissance, qui attend à être réalisé dans le monde. Et à chaque fois que quelqu’un réalise un rêve et fait en sorte qu’il se manifeste dans le monde, ceci joue le rôle d’un phare d’espoir vis-à-vis de ceux parmi nous qui n’avons pas encore amené nos rêves à la réalité. Talliston est, effectivement, un tel phare – un lieu de magie et de beauté – et nous sommes ici, aujourd’hui, pour célébrer l’achèvement d’une histoire qui a requis 25 ans pour se déployer.  Et à présent, alors que cette histoire – élaborée dans l’Autre Monde de la fantaisie et de l’imagination – est venue pleinement au monde, où elle peut désormais jouer le rôle de portail pour que nous tous puissions pénétrer dans ce royaume magique – royaume du Vrai, du Bon et du Beau.
Et donc, en tant que Chef de l’Ordre des Bardes, des Ovates et des Druides, je demande que Taliesin –que cette maison, ce jardin, ce foyer, soient bénis par les pouvoirs bienfaisants de la Terre et du Ciel, des Ancêtres et des Esprits Gardiens de cette terre.
Que cette maison soit bénie, du le site jusqu’à l’étai, de la poutre jusqu’au mur, du faîtage jusqu’au sous-sol, des chevrons jusqu’au poteau, du fond jusqu’au sommet, du le fond jusqu’au sommet. Et que soient bénis tous ceux qui entrent à Talliston et qui demeurent entre ses murs !
Awen ! Awen ! Awen !

J’évoque Talliston, car il illustre très à propos le temps qu’il peut parfois falloir pour que nous puissions amener nos rêves à la réalisation. Mais chaque étape sur le chemin est doté d’un sens, et chacun qui réalise son rêve peut nous inspirer à rester fermement accrochés à notre vision.

J’espère que cette année écoulée a été bienveillante à votre égard et qu’elle vous a apporté de la joie et le savoir ; puisse l’année à venir être bénie, avec encore de la joie et peut-être même la fruition de vos rêves !
Avec des bénédictions innombrables,

Philippe /|\

 

Traduction Dominique