Connaissance des arbres

« Les arbres étaient particulièrement mystérieux ; ils me semblaient être les incarnations directes du sens incompréhensible de la vie. Pour cette raison, les bois étaient un lieu dont je me sentais le plus proche de sa signification la plus profonde et de son impressionnant fonctionnement. » C.G. Jung, « Souvenirs, Rêves et Pensées »

Les Druides aiment les arbres et rendent souvent visite aux arbres et aux forêts pour y méditer, y mener des cérémonies ou simplement communier avec la Nature. La plupart des Druides soutiennent les programmes de la plantation d’arbres et de reforestation ; l’Ordre a lancé un projet de Plantation de Clairière Sacrée pour aider les membres et le public à créer des sanctuaires boisés. L’Ordre soutient aussi trois organisations caritatives qui plantent des arbres.

Spiral triskelion (formed from mathematical Archimedean spirals), occasionally used as a Christian Trinitarian symbol

Les arbres et le mot « Druide »

Certains universitaires contemporains sont d’accord avec les auteurs classiques latins et grecs qui affirment que le terme « Druide » provient le plus probablement du mot signifiant « chêne », combiné à la racine indo-européenne « wid » – savoir, ce qui en donne la traduction suivante : « Celui qui a la connaissance du chêne » ou « le Sage du chêne ». Ceux qui possèdent la connaissance du chêne détiennent la connaissance de tous les arbres. Le Druide était celui qui avait la « connaissance des arbres » ; il était un « Sage de la Forêt ». D’autres universitaires suggèrent que le mot « Druide » est dérivé de la racine pré-indo-européenne deru – qui signifie ferme, solide, fort ou inébranlable, combiné avec la racine weid – qui signifie voir, ce qui a créé un terme pouvant se traduire par « Puissant Voyant ». Pour avoir une idée de ce que cela peut faire d’être un Druide, essayez de dire ceci : « Je suis puissant – je suis un voyant inébranlable, je connais la magie et les enchantements. Je suis un sage de la forêt. Je connais les secrets du chêne et du peuple des arbres. » Dites cela plusieurs fois avec aussi peu d’inhibition que vous aurez de conviction, et ayez-en autant que possible. Il est important de dire cela à haute voix, parce que la voix a des propriétés magiques. Si l’exercice fonctionne pour vous, vous aurez expérimenté un des aspects de l’état de Druide – un homme ou une femme qui, encore aujourd’hui, peut sentir la pulsation de la vie dans la terre sous ses pieds comme dans les arbres qui l’entourent.

Ovates

Aujourd’hui, ceux qui parcourent le grade d’Ovate au sein du Druidisme apprennent à œuvrer avec les pouvoirs de la Nature – ils apprennent l’Ogham et reconnaissent que les arbres sont des Êtres vivants possédant leur propre médecine et leurs dons particuliers. Ils travaillent avec les animaux sacrés de la tradition, ainsi qu’avec différentes méthodes de divination ; beaucoup commencent à étudier l’herboristerie ainsi que d’autres méthodes de guérison. Ils apprennent en particulier la façon d’améliorer le flux de Nwyvre dans tout le corps. La Nwyvre est le terme druidique qui signifie « force de Vie », que l’on appelle Ch’i ou Prana en Orient.

Ogham – L’Alphabet des Arbres des Druides

Les Druides d’aujourd’hui utilisent une méthode particulière pour transmettre et se souvenir de la richesse de leur connaissance des arbres. Cette méthode est appelée « Ogham » (ce qui signifie « langage » et se prononce « o’oum » ou « och’oum »). Il est constitué de vingt-cinq dessins de traits simples prenant naissance sur une ligne centrale. L’intention est similaire à celle des runes nordiques, mais l’origine en est différente. Les glyphes de l’Ogham étaient gravés sur des pierres et probablement sur des douelles de bois.

Ses origines se perdent dans les brumes du temps et la plupart des inscriptions existantes n’ont été datées que du cinquième et sixième siècles ; mais qu’il soit d’origine celtique ou pré-celtique, nous pouvons penser qu’il contient quelque chose de la sagesse la plus ancienne des Druides. Parmi nos sources d’information au sujet de son utilisation, nous avons, en provenance de l’Irlande du douzième siècle : le Livre de Leinster, le Livre de Ballimote du quatorzième siècle et « Ogygia » de O’Flaherty (publié en 1793). En provenance d’Écosse et transcrit depuis la tradition orale au dix-septième siècle, nous avons le The Scholar’s Primer (l’Auraicept na n-Eces). Mais ce fut le poète Robert Graves, suivant les traces de son grand-père, expert en Ogham, qui porta ce système mystérieux à la connaissance du public, une fois encore, grâce à son livre « La Déesse Blanche », paru en 1948.

Spiral triskelion (formed from mathematical Archimedean spirals), occasionally used as a Christian Trinitarian symbol

Un exemple de cette tradition des arbres : Beith – le Bouleau

L’école ou le grade bardiques sont symbolisés par le Bouleau. C’est le premier arbre de l’Ogham, et en tant que tel, il représente le chiffre un. Cela lui sied, parce que c’est le bouleau que nous plantons en premier sur les terres vierges si nous voulons créer un bois ou une forêt. Il est connu, pour cette raison, comme l’Arbre Pionnier ; on peut donc aussi le voir comme l’arbre qui permet de donner naissance à la forêt. C’est ainsi un arbre de la naissance – un arbre approprié pour symboliser le premier degré du travail Druidique, quand nous naissons à cette nouvelle façon de voir et de connaître.

L’Ogham peut aussi être utilisé pour la divination et, quand nous tirons cette carte, ou que sort le disque ou la douelle du bouleau, nous savons que cela signifie de nouveaux commencements pour nous ; selon sa position relative dans le tirage – nous savons que nous devons soit nous lancer dans une nouvelle entreprise, soit que quelque chose est en train de naître dans notre vie. Souvent, avant de pouvoir donner naissance à quelque chose de nouveau, nous devons nous purifier de l’ancien. Là encore, le bouleau est un symbole approprié pour ce processus de purification en préparation à de nouveaux commencements. En Scandinavie, les baguettes de bouleau sont utilisées sur le corps pour stimuler le processus de purification dans le sauna, ce qui peut aussi se faire dans les rituels de la hutte à sudation druidique. En Grande Bretagne, l’utilisation du bâton de bouleau était plutôt féroce : il purifiait le criminel de ses méfaits ; dans des temps encore plus anciens, on s’en servait pour tenter d’expulser les mauvais esprits des « fous lunatiques ». Dans certaines régions, il était de coutume de bannir les esprits de la vieille année avec des branchettes de bouleau et, dans toute l’Europe, les brindilles de bouleau étaient utilisées pour « arpenter la campagne[1] ».

[1]Le terme anglais est « beating the bounds ». Il s’agit d’une très ancienne coutume, toujours observée dans certaines régions d’Angleterre, du Pays de Galles et de Nouvelle-Angleterre aux USA : il s’agit, tous les sept ans, de parcourir la campagne avec des branchettes de bouleau pour repérer les limites des paroisses. Source Wikipedia https://en.wikipedia.org/wiki/Beating_the_bounds

En savoir plus sur le druidisme

Les enseignements du druidisme regorgent d’inspiration, qui sont aujourd’hui plus pertinents que jamais, car ils abordent la question la plus urgente et la plus importante de notre époque : comment galvaniser tout notre potentiel, y compris le spirituel, pour protéger et restaurer le Terre.

Ainsi, pour nous préparer au nouveau, nous devons nous libérer des débris de l’ancien, et le bouleau nous aide à le faire ; il peut nous indiquer le chemin à suivre car, lorsque nous sommes perdus dans la forêt, la blancheur éclatante du tronc du bouleau nous guide vers l’avant – il offre guidance et orientation dans l’obscurité de notre voyage. Le mot-même « bouleau » dérive d’une racine signifiant « brillant, lumineux » dans pratiquement toutes les langues d’origine indo-européenne.

Robert Graves alloue à cet arbre le mois allant du 24 Décembre au 20 Janvier, en référence au calendrier des treize mois, puisque César, tout comme Pline, mentionnait que les Druides divisaient leur année en mois lunaires. Il choisit comme premier mois celui qui suit le Solstice d’Hiver – au moment où l’année renaît et que les jours recommencent à s’allonger.

Comme dans la plupart de ces travaux, on constate que les autres traditions ont de nombreux points communs. Le chaman des Esquimaux Dorés de Sibérie grimpe à un bouleau au moment culminant d’une cérémonie d’initiation, en faisant neuf fois le tour du tronc. Les chamans des Bouriates et des Altaïens de l’Asie centrale taillent neuf encoches dans le tronc d’un jeune bouleau – cela représente les étapes qu’ils doivent franchir pour parvenir aux cieux. Le bouleau partage avec le Frêne la particularité d’être utilisé comme représentation de l’Arbre-Monde Cosmique – l’Axis-Mundi. Cet arbre relie le Monde d’en Bas avec la Terre du Milieu et les Cieux d’en Haut. Le chaman qui grimpe au Bouleau l’utilise comme une échelle vers le ciel pour symboliser sa capacité à visiter les autres mondes.

En Grande-Bretagne, le Bouleau était souvent utilisé pour les mats de Mai – notre version de l’Axis Mundi autour duquel nous tournons encore et encore. Et à la même saison, c’étaient les branchettes de bouleau qui allumaient le feu de Beltane. On en faisait encore les berceaux des bébés, car si le bouleau pouvaient éloigner les maléfices de la vieille année, des fous lunatiques et des criminels, il pouvait éviter la maladie au nouveau-né aussi. Et puisque le bouleau est l’arbre de la naissance de quelque chose de nouveau, quel autre bois serait le plus approprié pour les bébés ?

Adapté de « Druid Mysteries » de Philip Carr-Gomm

 

Traduction Okada

Le Noisetier

 

 

« Je suis allé dans le bois de noisetiers, parce que j’avais le feu dans ma tête ». W.B. Yeats

Mythologie celtique

On peut dire que le noisetier est l’arbre celtique par excellence du fait de son emplacement que la légende lui donne au cœur de l’Autre Monde. Dans ce lieu, neuf noisetiers magiques surplombent le Puits de Sagesse ; leurs noisettes tombent dans son eau. Dans certains cas, il se forme des bulles « d’inspiration mystique » à la surface de l’eau des ruisseaux qui s’écoulent à partir du puits, là où les noisettes sont tombées ; dans d’autres, le Saumon de Connaissance et de l’Inspiration mange les noisettes et rejette les coquilles qui flottent en aval ; celui qui mange les noisettes (ou le saumon) obtient les pouvoirs poétiques et prophétiques.

 

Pourquoi choisir le Druidisme ?

 

Il est possible que vous recherchiez un cours qui reflète les enseignements des anciens Druides, une façon de développer une relation plus profonde et ayant plus de sens avec les Esprits du Lieu et vos ancêtres. Ou alors s’agit-il d’un besoin impérieux d’ouvrir votre créativité intérieure – pour apprendre à voir le monde avec les yeux d’un poète ? Ou vous sentez-vous poussé à apprendre les arts de la voyance ou de la divination ?

 

Les cours de l’OBOD s’inspirent des anciens Druides, mais pour qu’il nous soit utile aujourd’hui, le Druidisme ne peut pas simplement se contenter d’être une reconstitution. Nous avons besoin de nous interroger sur la façon dont les enseignements anciens peuvent nous aider à grandir et à être plus en harmonie avec le Monde Naturel.

 

Le Druidisme n’est pas une religion « révélée » ; il n’y a donc pas de « commandement » dogmatique –  c’est plutôt une spiritualité qui vit, qui respire et qui s’épanouit, dont le monde a besoin maintenant, plus que jamais auparavant.

Mythologie antique

 

L’association du noisetier à la sagesse s’étend aux autres cultures du monde antique. Dans la mythologie norroise, il était appelé Arbre de la Connaissance et consacré à Thor ; les Romains l’associaient à Mercure qui, en particulier sous sa forme grecque d’Hermès, personnifiait l’intelligence. Le bâton magique d’Hermès pourrait bien avoir été fait en bois de noisetier. Le mot anglais Hazel dérive de l’Anglo-Saxon « haesl » qui, à l’origine, signifie bâton de pouvoir.

[Country Folklore – Folklore de la campagne. Ce paragraphe est la copie de celui « pourquoi choisir le druidisme »]

 

Protection contre le mal

 

On a également largement utilisé le noisetier au fil des siècles pour la protection contre le mal. Finn portait un bouclier en bois de noisetier qui le rendait invincible à la bataille. Rien de mal ne pouvait pénétrer une haie de noisetier plantée autour d’une maison ou un poitrail de son bois sur un cheval. Un capitaine de navire portant un bonnet dans lequel avaient été insérée des morceaux de bois de noisetier était sûr de pouvoir braver toutes les tempêtes. On roussissait le poil du dos des bêtes que l’on faisait passer entre les feux de Beltaine et du Solstice d’été avec des brandons de noisetiers pour la protection contre la maladie et le mauvais œil ; ces bâtons roussis étaient ensuite utilisés pour les mener tout le reste de l’année. Dans l’Est de l’Angleterre, les villageois coupaillent des branches de noisetier le dimanche des Rameaux et les mettaient dans des pots remplis d’eau autour de leurs fenêtres comme protection contre le tonnerre et la foudre – il est fort possible que ce soit un signe de l’influence norroise dans cette zone, les noisetiers étant utilisés homéopathiquement contre les éclairs du Dieu du Tonnerre. Une légende célèbre raconte que saint Mungo, qui a vécu au septième siècle, fut dans l’incapacité d’allumer les lampes du monastère un jour où c’était son devoir de le faire au chant du coq parce que quelques garçons malveillants avaient éteint le feu. Il sortit du monastère désespéré mais pensa à cueillir une badine de noisetier et, lorsqu’il revint à l’église avec celui-ci, priant pour l’aide du ciel, un feu jaillit de la branche.

 

Quand le mal devint synonyme de sorcellerie dans l’esprit des gens, le noisetier fut intensément utilisé pour la protection contre les Sorcières. Le livre « Discoverie of Witchcraft » (Découverte de la sorcellerie, datant de 1584) recommande de couper une baguette de noisetier «  le jour du Sabbat, avant le lever du Soleil » pour en faire un charme contre les sorcières et les voleurs. L’écrivain Thomas Pennant du dix-septième siècle décrit dans son livre « Tours of Wales » (Visite du Pays de Galles) comment les cadavres étaient enterrés avec des bâtons de noisetier pour empêcher les nuisances sorcières dans le Merionethshire. Le noisetier protège contre la maladie ; il était également un remède magique puissant. En Irlande, une noisette dans la poche évitait les rhumatismes ou le lumbago que l’on croyait être causés par des flèches d’elfes[1]1 ; une double noisette prévenait des maux de dents. Dans la légende primitive de St Melor, un abbé récolta des noisettes qu’il offrit au saint. En les recevant, la main artificielle de ce dernier redevint de chair et de sang. Dans un ancien charme permettant de soigner une morsure de vipère, il est demandé de placer un morceau de bois de noisetier en forme de croix sur la blessure, et de répéter le texte suivant :

 

Underneath this hazelin mote,
There’s a braggoty worm with a speckled throat,
Nine double is he,
Now from eight double to seven double
And from seven double to six double
and so on until:
And from one double to no double,
No double hath he

 

Sous cette petite tache en forme de noisette

Il y a un ver fanfaron à la gorge tachetée,

il est neuf fois plus grand,

Maintenant de huit fois à sept fois

Puis de sept fois à six fois

Et ainsi de suite jusqu’à :

Et de une fois à plus du tout,

Il n’y a plus de ver du tout

 

Le pouvoir magique du noisetier continue de vivre à chaque fois qu’un sourcier utilise une baguette de coudrier pour trouver de l’eau. Lorsque la baguette ploie pour révéler la présence de celle-ci dans la terre, il est possible que ce soit parce qu’il s’efforce de renouer avec ses ancêtres, les neuf arbres sacrés du Puits de la Sagesse, au plus profond de la mémoire de la terre.

[1]Elfshot en Anglais. Il s’agit de petites météorites en forme de pointe de flèche que les anciens pensaient être tirées par les Elfes.