Christianisme et Druidisme, Étranges Compagnons ou Alliance Parfaite ?

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Genèse 1:1). Étant chrétien moi-même, je sais très bien que la citation ci-dessus n’est pas celle qui a bénéficié d’un plus grand degré d’attention au cours des derniers millénaires de la foi chrétienne.

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Genèse 1:1). Étant chrétien moi-même, je sais très bien que la citation ci-dessus n’est pas celle qui a bénéficié d’un plus grand degré d’attention au cours des derniers millénaires de la foi chrétienne. Ceci est très malheureux et a créé une tension qui a éloigné la majeure partie du monde occidental moderne d’une vie naturelle et d’un lien avec le monde naturel et ses cycles et rythmes.

J’ai rejoint l’OBOD dans les folles années 90 (imaginer pouvoir dire ça !) et j’ai progressé jusqu’au grade de Druide. Ce fut un voyage transformateur et le diplôme (je ne sais pas si c’est un terme exact, mais ça ira) est suspendu au-dessus de mon bureau où je travaille quotidiennement. Le Druidisme a radicalement et fondamentalement changé ma vision de la vie d’une manière profonde. Quel est le lien avec le titre ci-dessus ? Eh bien, j’ai été proche de la tradition chrétienne toute ma vie. Mon grand-père était prêtre (anglican -Ndt) et s’est ensuite converti à l’Église Catholique avec sa femme, ma chère grand-mère. A leurs genoux, j’ai tout entendu sur la vie de saints comme Saint François, St Georges, St Dominique et bien d’autres comme eux. Mais j’ai aussi entendu à l’âge de cinq ans les contes d’Arthur et de ses chevaliers de mon grand-père, et quand les contes étaient racontés et que j’en demandais plus, il écrivit plus d’histoires pour que j’apprécie ces héros immortels. Celles-ci étaient magiques et portaient en elles un message Chrétien, mais un peu différent de ce que j’ai récupéré plus tard lors des services. C’était un Christianisme rempli d’hommes et de femmes bons, très peu de prêtres et encore moins d’églises.

Ces contes sont restés en moi et j’en ai lu encore plus en vieillissant, et j’ai appris à lire des livres en anglais à l’âge de 13 ans pour cette raison même. Je continuais d’aller à l’église de temps en temps, mais je me sentais éloigné ; tout ce discours sur le péché, la méchanceté du corps et la laideur générale des choses matérielles rimait très mal avec ce que m’avait dit mon grand-père. Puis j’ai découvert la sexualité, et nous n’avons pas besoin d’entrer dans la politique générale de l’église sur cette question. En vieillissant, je me suis aventuré sur toutes sortes de chemins spirituels, ne me sentant jamais chez moi ni capable de croire en ce qu’on y disait. C’était un peu trop désinvolte, si vous comprenez ce que je veux dire. Donc, au moment où je suis arrivé au Druidisme, je me sentais assez déçu par toute l’idée de la spiritualité, peu importe la saveur, pour être franc – et aller à l’église ordinaire n’était pas une option.

Mais au fur et à mesure que je progressais dans les cours, j’ai découvert plusieurs choses. Rétrospectivement, la chose la plus importante pour moi était qu’il existait une tradition chrétienne différente, celle qui était vraiment la Bonne Nouvelle, plutôt que le charivari déprimant et reniant la vie qu’on vous sert le dimanche. J’ai aussi appris que la nature que j’aime, l’homme et la femme, et l’Univers tout entier avaient été et pouvaient encore être vus sous un jour totalement différent. J’ai lu sur St. Patrick, Colomban, Brendan et le Pélage injustement rejeté, l’église Celtique et son âge vénérable et ses efforts pour répandre la Bonne Nouvelle lorsque le monde est devenu plus sombre et plus froid. Cela a ravivé l’espoir dans la possibilité de retrouver un Christianisme qui était vraiment la Bonne Nouvelle pour tous, et pas seulement pour quelques privilégiés et isolés.

Je suis historien et archéologue de formation, spécialisé dans le Moyen Âge. Je sais donc très bien que la tradition en tant que telle est morte et révolue. Ou bien ? Je suis retourné aux sources originales dans les années qui ont suivi la fin de mes cours. J’ai lu les Pères du désert, l’évangile de Thomas, les apocryphes, les ouvrages gnostiques, les ouvrages orthodoxes, les vestiges de l’église Celtique sous forme de missels et de prières. J’ai lu et lu et lu. Ensuite, je suis retourné à l’œuvre la plus importante de toutes, les Évangiles eux-mêmes et j’ai réellement essayé de lire ce qu’ils disaient, et non ce qu’on m’avait enseigné qu’ils étaient censés signifier. Ce fut une lecture enrichissante mes amis. Je me suis alors tourné vers ces écrivains d’aujourd’hui qui s’efforcent sinon de ressusciter mais de donner vie à une foi qui fait des sauts périlleux de joie pour la vie elle-même. Certains sont d’une veine plus Celtique, d’autres comme Matthew Fox plus modernes.

J’ai lu Thomas Merton et Willfred Stinnissen, de bons chrétiens aux idées brillantes. Une nouvelle naissance a lieu, et il doit en être ainsi. La vieille église est en train de mourir, littéralement, seuls les anciens sont fidèles aujourd’hui et la raison en est que nous sentons dans nos cœurs que ce qui est prêché du haut de la chaire n’est tout simplement pas vrai. La tragédie est que même si nous voulons croire à la Bonne Nouvelle, l’institution même de l’Église tue si vite ce désir dans le cœur. Et c’est alors que j’ai repensé au Druidisme. Le Christianisme a besoin d’être réinterprété à la lumière de l’existence ; Je veux dire sérieusement, Dieu lui-même dans la Genèse dit que la création est BONNE ! Qu’il est content ! Comment l’église peut-elle aller à l’encontre de cela, après tout n’est-il pas le Patron ? Eh bien, ils ne peuvent pas et ils ne peuvent plus déformer la Bonne Nouvelle si vous ne les laissez pas faire. Il y a un petit secret très important que l’église ne veut pas que vous sachiez. Jésus a dit « Chaque fois que deux ou plusieurs d’entre vous seront réunis, je serai parmi vous » et il a également dit « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ».

Si vous lisez la Bonne Nouvelle et les Actes, il est tout à fait clair que Dieu ne demande pas d’églises, d’autels, de robes, de lustres, de croix en or et d’aller à l’église une fois par semaine. Notre-Seigneur est un maître sévère, il ne demande rien de moins que toute votre vie. Période. Mais le hic, c’est que vous devez vivre ses paroles tous les jours dans votre vie quotidienne. Jésus a des mots très sévères pour les hypocrites qui lui rendent visite une fois par semaine et agissent ensuite comme des démons hors de l’enfer le reste de la semaine. La vérité est que si vous vivez ses paroles, vous n’avez pas du tout besoin d’église. Chaque fois que nous nous rassemblons, ce devrait être dans la joie et la simplicité, tout comme l’église celtique primitive. C’est là qu’intervient le Druidisme. Il y a un grand intérêt pour le Christianisme primitif des îles Britanniques et il n’est pas possible de le comprendre sans comprendre ses racines païennes. Nous devons retrouver notre chemin vers une vénération de Dieu en toutes choses – Le Panentheisme comme Matthew Fox l’a inventé. Dieu est en toutes choses, mais les choses ne sont pas Dieu et Dieu est plus qu’elles.

Le Druidisme se tient à cheval sur les deux traditions, le Christianisme et le Paganisme, et si le Christianisme veut refleurir, il doit retrouver le chemin de la vie simple et nous devons apprendre à apprendre les uns des autres. Pendant trop longtemps, le Christianisme a persécuté ceux qui ne sont pas d’accord avec eux – il n’y a pas beaucoup d’amour là-dedans. « Faites aux autres ce que vous voudriez que les autres vous fassent », a dit le Seigneur. Eh bien, si nous, Chrétiens, pensons ce que nous avons fait, nous devons nous attendre à une addition très longue et désagréable. Je crois qu’il est à la fois possible et nécessaire de se rassembler en dehors des églises établies. Laissons-les dépérir à leur guise, et rassemblons-nous, Chrétiens et Païens, comme de Bons Amis qui espèrent les mêmes choses mais choisissent de les comprendre différemment.

C’est ma conviction que Dieu dans son amour (je dis « Lui » même si je crois que Dieu n’est ni un homme ni une femme, ou peut-être les deux. Qui sait ? Je n’en sais strictement rien !) ne se soucie pas vraiment de l’endroit où nous choisissons d’adorer, mais que nous sommes de bons hommes et femmes. Nous devons devenir de bons frères et sœurs les uns pour les autres, et alors nous accomplirons la demande du Seigneur. Pour ce faire, nous devons nous tourner vers le Mystique, vers l’expérience personnelle de Dieu, sans nous contenter d’un récit de seconde main une fois par semaine. Je ne vois pas de meilleur moyen que de conclure par une courte prière qui est l’une des plus belles jamais écrites : « Le Christ toujours avec moi, le Christ devant moi, le Christ derrière moi, le Christ en moi, le Christ au-dessous de moi, le Christ au-dessus de moi, le Christ à mon côté droit, Christ à mon côté gauche Christ dans sa largeur, Christ dans sa longueur, Christ en profondeur Christ dans le cœur de tout homme qui pense à moi, Christ dans la bouche de tout homme qui me parle, Christ dans tout œil qui me voit, Christ dans toute oreille qui m’entend ».

 

David Lindholm Stockholm, Suède Avril 2005

 

Traduction Sterdan