Une célébration du printemps
L’aubépine, qu’on appelait autrefois simplement « Mai », est tout naturellement l’arbre le plus souvent associé à ce mois dans de nombreuses régions des Îles Britanniques. Quand, dans les textes médiévaux, nous lisons que les chevaliers et les dames sortaient « cueillir le mois de Mai » le premier matin du-dit mois , cela fait davantage référence aux rameaux d’aubépine en fleurs qu’ils vont chercher pour décorer les salles plutôt qu’au mois lui-même. Car, selon l’ancien calendrier encore en usage jusqu’au 18e siècle, le premier jour de Mai, les bois et les haies étaient illuminés par ces fleurs d’un blanc éclatant.
De nombreuses autres coutumes similaires existaient pour accueillir l’été dans les campagnes jusqu’à assez récemment. Dans certains villages, les « mayers[1] » déposaient une branche d’aubépine à chaque maison, tout en chantant des chants traditionnels sur le chemin. Voici ce que le poète anglais Robert Herrick, qui vécut au dix-septième siècle, écrivait :
[1]Que l’on peut traduire littéralement par « faiseurs de Mai » ou « cueilleurs de Mai ».
There’s not a budding boy or girl this day, But is got up and gone to bring in May; A deal of youth ere this is come Back, with whitethorn laden home. |
Il n’est pas un jeune garçon ou une jeune fille Qui ne se soit levé pour aller cueillir Mai ce jour là ; Nombreux sont ceux qui avant eux qui en ont fait autant Et en sont revenus les bras chargés d’épines blanches |
Les jeunes filles se levaient à l’aube pour pouvoir se baigner dans la rosée récoltée sur les fleurs d’aubépine afin d’assurer leur beauté pour l’année à venir, comme l’atteste cet ancien poème :
The fair maid who, the first of May, Goes to the fields at break of day And washes in dew from the hawthorn tree, Will ever after handsome be. |
La belle jeune fille qui, le premier jour de Mai, Va dans les champs au lever du jour Pour se laver dans la rosée des fleurs d’aubépine Sera belle pour toujours |
Car, le mois de Mai, c’était la période pour faire la cour et l’amour après le froid de l’hiver ; on trouve souvent ainsi l’aubépine liée avec l’acte d’amour. Dans la Grèce ancienne, on utilisait son bois pour en faire une torche de mariage ; les jeunes filles présentes y portaient des couronnes d’aubépine. Un écrivain a même été jusqu’à suggérer que « le parfum doux et capiteux dont le triméthylamine contenu dans les fleurs est responsable, provoque le désir sexuel. » (Geoffrey Grigson : The Englishman’s Flora, Phoenix House, 1956 – Les plantes pour l’homme en Angleterre)