Folklore
Partout en Europe, le Prunellier est présenté dans de nombreux contes de fées comme un arbre de mauvais présage. Appelé Straif dans l’Ogham, cet arbre a la plus sinistre réputation de la tradition celtique des arbres. Il parait que le mot anglais « strife » signifiant « conflit » dérive de ce mot celtique. Un hiver long et rigoureux est appelé « Hiver du Prunellier ».
Pour les sorcières, il représente souvent le côté sombre de l’Art. Cet arbre est consacré aux aspects Sombre, ou Vieille Femme de la Triple Déesse et représente les phases de Lune Décroissante et de Lune Noire. Le Prunellier est parfois appelé le «celui qui renforce et garde les sombres secrets »[1].
L’arbre est en relation avec la guerre, les blessures et la mort ; il est associé à la Cailleach écossaise – la Vieille de la Mort, et la Morrigan irlandaise. En Écosse, l’hiver commence quand la Cailleach (qui est aussi la Déesse de l’Hiver) frappe le sol avec son bâton de Prunellier.
Dans le folklore chrétien, le Prunellier est considéré comme un arbre sinistre associé aux sorcières. Le Prunellier était souvent utilisé pour « lier et dynamiter ». Une tige noire est une baguette de Prunellier sur laquelle on a fixé des épines à une extrémité, et que l’on utilisait pour causer du tort aux autres. Dans le folklore britannique, un Sorcier utilise le Prunellier[2] dans les rituels de malédiction. Les sorciers anglais étaient réputés utiliser les épines pointues, appelées les « épingles du sommeil », pour percer les pavots dans leur malédictions[3]. Dans le folklore du Devon au Sud en Angleterre, on disait que les Sorcières avaient des bâtons de marche en Prunellier, avec lesquels elles faisaient beaucoup de dégâts localement. Les Sorciers et les hérétiques étaient brûles sur des bûchers de Prunellier. On disait au Moyen-Age que le Diable piquait les doigts de ses adeptes avec une épine de Prunellier[4].
Le Prunellier est aussi associé à la Sorcellerie en Écosse. En 1670, à Édimbourg, le major Thomas Weir fut brûlé comme sorcier avec son outil magique le plus puissant – un bâton de Prunellier, sculpté en forme de tête de satyre, auquel on attribuait de fantastiques pouvoirs – il aurait même été capable de voler dans les airs. Le major Weir clamait qu’il avait reçu ce bâton magique du Diable, mais il est bien plus probable qu’il l’ait obtenu quand il servait comme officier sous les ordres du Général Leslie en Irlande. Le major était un pieux Covenantaire et les gens venaient de loin pour écouter ses sermons. Il était considéré comme le « Saint de l’Arche de l’Ouest » (la Porte Ouest – un quartier de la ville d’Édimbourg), jusqu’à un jour en 1670, au lieu de son sermon habituel, il confessa des années de débauche avec sa sœur, Jean, à la congrégation. Le frère et la sœur furent jugés et condamnés à mort. On dit que son fantôme, ainsi que le bâton de Prunellier tristement célèbre, hantent encore le district West Bow d’Édimbourg[5].
La matraque irlandaise est appelée « bata » ou, plus populairement, un shillelagh, (d’après le nom de la forêt de Shillelagh près d’Arklow, dans le comté de Wicklow). Tous les jeunes hommes étaient entraînés à l’auto-défense avec ce bâton de combat irlandais. Même si parfois il était fait en Chêne, en Frêne ou en Houx, le shillelagh est habituellement fabriqué avec du Prunellier, qui est dur, fort, abondant et a une poignée bien pratique formée à la racine de l’arbuste. L’écorce noire est particulièrement dure. Le bois était séché en l’enterrant dans un tas de fumier ou en l’enduisant de beurre, puis en le plaçant dans la cheminée.[6]
Le Prunellier peut également être utilisé dans les sorts de protection. Dans les contes irlandais, les héros étaient aidés par le Prunellier – s’ils lançaient une brindille de prunellier derrière eux, celle-ci prenait racine et formait une barrière impénétrable ou une forêt, ce qui stoppait le géant qui les poursuivait[7]. En Angleterre, les Sorcières gravaient la rune norroise thorn sur une latte de Prunellier pour la protection.
Souvent, dans les contes de fées, tel que « la Belle au Bois Dormant », le Prunellier forme le roncier épais et impénétrable qui cache le château magique aux intrus de même qu’aux princes ! Afin de prouver sa valeur, le prince doit se frayer un chemin à travers cette forêt d’épines pour sauver la princesse.
On dit que le Prunellier fleurit la veille de Noël, tout comme l’épine sacrée de Glastonbury. Cet arbre a la réputation d’avoir fait partie de ceux qui ont été employés pour fabriquer la couronne d’épines du Christ à sa crucifixion.
Là où le Prunellier pousse à côté de sa plante sœur l’Aubépine, le site est particulièrement magique[8]. Le Prunellier coiffait souvent le Mat de Mai, enroulé avec de l’Aubépine ; on l’appelle la « Mère des Bois ». Au Nouvel An, les célébrants faisaient des couronnes de Prunellier qu’ils brûlaient dans le feu du Nouvel An. Les cendres étaient utilisées pour fertiliser les champs. Le Prunellier était parfois tressé en couronnes avec le Gui pour porter chance à l’année qui s’ouvrait, et les guirlandes en décoraient les Pommiers[9].
[1]Tree Wisdom, page 82
[2]Manche à balai, dont l’extrémité est fourchue
[3]Tree Wisdom, page 81
[4]L’Oracle de la Nature, page 76
[5]Famous Edinburgh Crimes, pages 17-22
[6][pas trouvé dans le texte où elle se situe] L’Oracle de la Nature par Will Worthington
[7]Tree Wisdom, page 81
[8]L’Oracle de la Nature
[9]Tree Wisdom, page 80