À la croisée des chemins

Au creux d’une vallée accueillante, deux chemins poursuivant imperturbablement … leurchemin, se croisent, s’y mêlent leurs destins, puis se perdent au lointain.

Par Jody

Au creux d’une vallée accueillante, deux chemins poursuivant imperturbablement … leur chemin, se croisent, s’y mêlent leurs destins, puis se perdent au lointain.

A quelle époque la Terre, guidant par la diversité de ses formes les pas des hommes à la recherche perpétuelle, on serait tenté de dire “futile”, de cet ailleurs qu’ils imaginent meilleur qu’ici, a-t-elle accepté que s’inscrivent dans sa chaire ces sillons, miscarifications décoratives, mi-stigmates, que sont les chemins ? Nul à présent ne peut le dire. Toujours est-il qu’ils étaient bien en place déjà à l’époque gallo-romaine, où ils ont été répertoriés, sur le territoire des Carnutes, comme les itinéraires XIX (Chartres–Paris) et XX (Dreux–Corbeil) sur le plan des routes “romaines” qu’a dressé en 1864 L.-G. Guérineau de Boisvillete.

Ce n’était certes pas de ces axes majeures crées de toutes pièces en grands blocs de pierre, selon les règles de l’art et que l’on admire dans les livres. Leur appareillage en pierres de pays, grès ou silex selon les cas, fruste mais jointif néanmoins, et à plusieurs couches, est encore visible sur des longueurs relativement importantes, alors qu’ils flânent au milieu des champs, à leur gré, par monts et par vaux. En contre-exemple du dicton, ces chemins ne menaient guère à Rome : vraisemblablement, ils desservaient surtout les populations locales, et il y a fort à parier qu’ils mettaient largement à profit les voies gauloises pré-existantes, lesquelles à leur tour reprenaient celles qu’empruntaient habituellement les peuples plus anciens lors de leurs échanges commerciaux, culturels, et cultuels, remontant jusqu’au néolithique, il y a quelque six mille ans. Voici qui nous mène loin …

Un chemin, cela fait rêver — l’éternel Wanderlust, car le chemin, lui, sait où il va, même (et surtout) si nous l’ignorons. C’est un devenir, une force vive, de mutation. Or, selon l’idiome populaire, un chemin “s’emprunte”. Mais à qui donc ? N’est-ce pas le chemin qui accepte de se “prêter” : lui qui décide et qui mène la danse ? Nous voilà qui croyons savoir où nous allons, mais le savons-nous vraiment (et oserions-nous, d’ailleurs, y aller si nous le savions) ? Voici des moyens qui justifient, toujours, la fin.

Qui plus est, pour autant de fois que nous parcourons un chemin, il n’est jamais deux fois pareil : il nous joue des tours (et des détours). Il créé l’illusion d’être le même, mais entre temps il s’est déplacé sur les dimensions multiples, accessibles ou inaccessibles pour nous, qui structurent l’univers. Pourtant, quelque part, en posant les pieds sur ces routes où tant d’autres nous ont précédés, ouvrant la marche, en leur emboîtant les pas, dis-je, nous rétablissons les liens que le temps et les moeurs, et l’oubli tout simplement, ont distendus, et leurs intentions viennent imprégner les nôtres à notre insu.

Dans la solitude et la paix des champs et des bois, nous étant livrés à la bon vouloir du chemin, les réalités d’un jour s’effacent devant le durable, devant le vrai, celui de toujours.

Mais voilà que les chemins sont deux, voire plus : alternative, donc. Leur cours inéluctablement les rapproche, les fait s’affronter, puis se croiser. De leur union passagère naît un point — le carrefour. Quatre vecteurs qui convergent, ou divergent : ils contraignent au choix. Instant instable, d’incertitude. De ce choix obligé dépend toute la suite du voyage. Qui nous portera secours dans notre perplexité ? Mieux vaut s’en remettre aux esprits, aux esprits du lieu.

C’est ainsi que tout naturellement les carrefours sont devenus lieux sacrés, auxquels présidait une divinité tutélaire, immanent ou manifeste, représentée par un arbre, des arbres, une pierre, une statue (qu’à certaines époques des calvaires se sont empressés de remplacer). Des carrefours sont ainsi, et de tout temps, devenus des endroits de méditation, de recueillement, mais aussi d’accueil, et même de convivialité. Au carrefour, on fait étape. On y puise les forces pour un choix prochain que l’on sait nécessaire. Et plus le carrefour aura été assidûment fréquenté aux temps passés, plus cette présence protectrice aura été à même de perdurer face à l’assaut de l’indifférence et des générations incrédules.

Un carrefour, donc, lieu de rencontre en terre carnute entre deux routes anciennes qui ambitionnent l’horizon — celui qui s’éloigne, chemin faisant, au fur et à mesure que l’on s’en approche. La carte IGN le désigne du nom de la Croix rouge. Mais de croix, ni de rouge, il n’y en a point. Il ne reste qu’un socle carré en grès taillé, qui jadis fut sans doute surmonté d’un crucifix, car cette route de Chartes était jusqu’à très récemment celle des pèlerins. Mais avant, qui était à l’honneur ? On y verrait bien ce dieu celte à deux visages, que l’on rapproche, à tort ou à raison du Janus romain, veillant aux seuils.

Il reste aussi quatre beaux tilleuls disposés curieusement en triangle, ou en forme de “T” inversé, avec trois arbres équidistants qui en font la base. Visibles de loin à la ronde, ils jouent, espiègles, à cache-cache, se mettant en ligne pour mieux donner le change.

Selon l’angle d’où on les observe, on en aperçoit deux, trois, ou quatre. Ce ne sont pas de vieux arbres, et ils ont été installés là avec soin et à dessein. Dans ce triangle isocèle, on pourrait même imaginer, représentés, les quatre éléments, dont l’un (la Terre, peut-être), repoussé jusqu’au centre, matérialiserait avec l’apex (le Feu), la hauteur de la forme géométrique, ce qui laisserait, de part et d’autre, l’Air et l’Eau. On peut penser, sans grand risque d’erreur, que bien des générations de tilleuls (ou d’autres essences) les auraient précédés sur ce coin de terre, berçant le voyageur à la belle saison du bruissement des leurs feuilles et du parfum suave de leurs fleurs. Ils restent et résistent, garants de l’intégrité de cet endroit privilégié où règne encore indiscutablement comme une présence bienveillante et un souffle de mystère.

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