Le Barde et l'oiseau
Par Dianann
Au cours d’une promenade, dans le forêt profonde, je me suis arrêtée au bord d’une fontaine, où ne coulait pas d’eau.
Un Oiseau s’est posé au bord de la margelle, et a scruté avec insistance le fond du bassin.
Alors je lui ai dit : « Bonjour Monsieur l’Oiseau, que regardes-tu, la fontaine est à sec, tu ne pourras pas boire, il n’y a pas une goutte d’eau. »
« Tu te trompes, me dit-il, car ce n’est pas sur le bord d’une fontaine que je me suis posé, mais sur le bord de ton cœur, et il n’est pas tari. »
A ma grande surprise l’Oiseau vient de parler. Je le regarde avec de grands yeux ronds, et il ajoute en souriant, une lueur de malice dans les yeux :
« Approche-toi, et regarde !»
Je m’approche du bord, et je ne vois que des pierres. « Tu vois bien, je te le disais, la fontaine est tarie »
Mais il me répondit : « Tu ne m’écoutes pas, ferme les yeux, et regarde en ton cœur ».
J’ai fermé les yeux et j’ai imaginé qu’un Oiseau s’était posé au bord de mon cœur. Et avec surprise j’ai entendu le clapotis de l’eau.
Alors j’ai ouvert les yeux, la fontaine était là, vivante, gaie, elle chantait et l’Oiseau souriait. Je me suis penchée en avant, pour regarder au fond, mais à ma grande surprise je ne voyais pas mon reflet dans l’eau.
Alors incapable encore de franchir la frontière entre ce monde physique et le monde des esprits qui font parler les oiseaux, je me suis rebellée : « Non ce n’est qu’un rêve ! Ce n’est pas la réalité ! Il n’y a pas d’eau, je ne vois pas mon reflet et les oiseaux ne parlent pas ! »
L’oiseau s’est mis à rire, devant mon désarroi. « Que tu es impatiente ! Reviens souvent à la source de ton cœur, tu y apprendras beaucoup de choses, et un jour, tu verras ton reflet dans l’eau. Dans ce que tu appelles la réalité tu es aveugle, là est une autre réalité, et cette fontaine n’est pas une fontaine, et moi je ne suis pas un oiseau ! »
Et il s’est envolé.
J’ai écrit ce texte voici presque 20 ans, j’entamais alors mes études bardiques. Je suis revenue souvent à la source de mon cœur, et j’y ai découvert un univers merveilleux, des fontaines de jouvences, des oiseaux malicieux, des esprits gardiens, des maîtres pleins de sagesse et j’ai fini par m’y trouver MOI, dans le reflet scintillant d’une fontaine ou chantait un oiseau.
Les frontières ont été crées par des hommes, pour des hommes. Même la frontière qui nous sépare de l’Autre Monde n’est qu’un simple voile mouvant. Mais il est difficile parfois de passer outre. Alors, nous ici, Druides, savons que notre premier travail est d’abolir nos propres frontières, le druide est un voyageur d’entre les mondes, le druide est celui qui lit dans les nuages ou dans les arbres. Le Druide est celui qui voit les messages dans la pierre, dans la terre. Qui écoute le chant des arbres et la sagesse des oiseaux. Il est celui qui traverse les rivières, les mers et qui se fond dans l’eau pour nager avec les saumons ou dans les airs pour voler avec les oiseaux. Il n’a pas de barrières, il n’a pas de frontières, hormis celles de son propre cœur.