Les portes

Une invitation au voyage

Par Jody

Nous, païens, Druides, sommes souvent enclins à percevoir et à représenter l’univers comme un espace multidimensionnel et compartimenté, sur quel point nous sommes souvent rejoints (voire devancés) par certains auteurs de fiction, et notamment
d’ouvrages de fantaisie et de science-fiction.

De cette structure postulée découlerait l’existence de quantité d’interfaces entre les dits compartiments, que l’on envisagerait

classiquement comme l’Autre Monde, ou plus prosaïquement comme d’autres mondes — à savoir, autres que celui que nous occupons présentement et dans lequel d’aucun dont les vues diffèrent des nôtres voit la seule et unique, matériellement solide, réalité.

Mais notion connexe à la nature multiple de l’univers, nous sommes persuadés que ces compartiments seraient, non pas hermétiquement isolés les uns des autres, mais perméables dans certains cas de figure, moyennant certaines modalités.

Autrement dit, une manière de communication, peut se produire, se produit effectivement et, je dirais même, doit se produire.

Des conditions favorisant cette communication sont connues vraisemblablement depuis l’aube de l’humanité : ce sont ces états “d’entre deux”, des moments qui sortent de l’épure, n’appartiennent à nulle part — entre la fin et le début de deux cycles successifs, des zones crépusculaires entre lumière et obscurité, entre sommeil et veille, conscience et inconscience (il en existe bien d’autres).

Ils constituent en quelque sorte les “fentes” dans notre réalité, et leur épaisseur tient de l’infiniment petit. Historiquement, et même dans des sociétés contemporaines encore épargnées par l’influence soi-disant civilisatrice du monde moderne, des individus que l’on désigne “chamans” ont recours, non sans danger, à des substances psychotropes susceptibles de favoriser des voyages extra-corporels.

Ces états d’exception ont pour particularité de faire apparaître une ouverture entre compartiments adjacents. Mais ne seraient-ils pas tous adjacents les uns aux autres, et non sagement agencés telles les alvéoles d’une ruche ou les cellules d’une matrice, en rectiligne ? Car ce sont précisément ces principes-là de géométrie réductrice qui font souvent obstacle à notre compréhension dans ce domaine. Toujours est-il que tout ceci nous mène droit à la notion de porte.

Revoyons donc brièvement les propriétés d’une porte telle qu’on la conçoit au quotidien, et réfléchissons à la meilleure façon d’en tirer parti pour se déplacer entre les mondes.

Une porte, donc, présuppose :
1) un mur / interface
2) une ouverture pratiquée dans le dit mur
3) un seuil matérialisant le point de passage
4) un dispositif de fermeture, une barrière conditionnelle.

L’accès peut être, soit à sens unique comme un clapet, soit à double sens : il est réversible ou bien irréversible. Les milieux situés de part et d’autre du mur peuvent être, ou paraître, très semblables, mais ils peuvent aussi être si fondamentalement différents qu’ils semblent mutuellement exclusifs. Sont évoquées aussi les notions d’intériorité et d’extériorité, où l’intérieur de conçoit souvent, mais pas toujours, comme le lieu où nous nous trouvons actuellement. Les différences qui caractérisent les milieux en question peuvent être d’ordre spatial, temporel, ou autres.

Pourquoi choisit-on de franchir une porte ? Rarement par désoeuvrement oisif. Généralement on est à la recherche de quelque chose qui fait défaut là, ou dans l’état, où l’on est actuellement et qu’on escompte acquérir “de l’autre côté”. La chose recherchée peut apporter un gain — gain matériel, gain de confort au sens large — ou ce peut être un objectif à atteindre, l’objet d’une quête, que l’on espère remporter au point de départ.

Citons à cet égard l’exemple célèbre d’Orphée et sa tentative tragique pour ramener Eurydice du royaume d’Hadès. Les portes s’insérant dans un mur-lieu sont souvent à double sens, mais pas forcément, à l’instar de celles, fatidiques, qui séparent la liberté de l’emprisonnement à vie, le monde extérieur du cachot. Les portes que l’on trouve dans un mur-temps paraissent généralement à sens unique en raison de notre perception du temps comme étant linéaire, ou séquentiel, mais si tant est que nous parvenons à nous libérer de cette illusion, tel ne sera plus nécessairement le cas.

Dans le conte classique de la tête dotée de parole de Bran le Béni, les compagnons de Bran, qui emportent à sa demande la

tête coupée mais encore vivante de leur chef, pénètrent dans un monde parallèle hors du temps où ils ne connurent que festins et toute manière de plaisirs durant plusieurs siècles, et ceci sans vieillir, ne serait-ce que d’un seul jour. Puis, un des compagnons ouvrit par mégarde une porte ouvrant sur le monde d’où ils étaient venus, et les y voilà subitement revenus sans possibilité de retour.

Quel intérêt donc pour nous que toutes ces portes, visibles, invisibles, réelles, virtuelles ? Chacune est une occasion, peut-être unique, donnée à titre individuel. Aussi nous devons-nous de bien les identifier. Elles s’ouvrent, ouvrent loin, sur d’autres états, sur d’autres nous-mêmes, permettent de communiquer avec ceux qui nous sont perdus aujourd’hui, qu’ils viennent du passé ou même du futur, en ramenant, comme autant de toisons d’Or, des messages lourds de sens qui doivent éclore ici dans nos vies.

Savoir reconnaître ces portes et oser nous hasarder dans ce qui se trouve au-delà nous incombe, épreuve imposée, dans la mesure où, tissant des liens nécessaires, cela aide à préserver l’unité essentielle de l’univers. Aussi, cette expérience peut faire croître nos âmes dans autant de dimensions multiples, comme une plante dont les pousses s’élanceraient dans tous les sens à la fois, passant outre les tropismes qui lui étaient impartis. Ces réalités sont toutes sauf statiques, car un univers statique serait condamné à se dissoudre dans le néant.

À cette saison où, du fond des eaux primordiales remonte à la surface une vie nouvelle en empruntant des voies discrètes et mystérieuses, que chacun, retiré dans la quiétude de sa citadelle intérieure, s’interroge sur la porte qu’il lui faut franchir—sur le lieu, sur l’endroit, sur l’état qu’il voudrait trouver … là-bas, de l’autre côté. Regarde-la bien en face, cette porte qui se dresse devant toi, qu’elle soit petite comme un trou de fourmilière, ou vaste, son linteau s’évanouissant dans les nuages.

Pousse-la de ton épaule et fort de toute ta volonté — elle ne saurait te résister — puis enjambe le seuil tout simplement. Vois le monde qui se révèle à toi. C’était donc vrai : tout était possible depuis toujours, il suffisait de le savoir.

Le premier pas est pris, voyage commence, …

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