Parce que la terre est sacrée : réflexions sur l’activisme païen

Au printemps 2013, je suis devenue une activiste païenne. La menace de l’extraction de gaz par fracturation hydraulique en Grande Bretagne commençait à poindre et une amie me téléphona pour savoir si je m’impliquerais dans l’organisation d’un rituel à Glastonbury, dont le but serait de protéger Albion du fracking (ou de toute autre forme extrême d’extraction énergétique).

Spiral triskelion (formed from mathematical Archimedean spirals), occasionally used as a Christian Trinitarian symbol

Parce que la terre est sacrée : réflexions sur l’activisme païen

Par Liz Cruse

Au printemps 2013, je suis devenue une activiste païenne.

La menace de l’extraction de gaz par fracturation hydraulique en Grande Bretagne commençait à poindre et une amie me téléphona pour savoir si je m’impliquerais dans l’organisation d’un rituel à Glastonbury, dont le but serait de protéger Albion du fracking (ou de toute autre forme extrême d’extraction énergétique).

Ma réponse a été immédiate : oui ! Cela rassemblerait deux domaines importants de ma vie : mon engagement pour l’environnement et ma vie de païenne en tant que druide de l’OBOD. C’est ainsi qu’avec l’aide de collègues druides, The Warrior’s Call ( L’Appel du guerrier), sont nés les Païens unis contre le Fracking (Pagans United Against Fracking).

Il m’arrive encore de rencontrer des païens qui n’ont pas croisé the Warrior’s Call. C’est un mouvement décentralisé, en ligne, ouvert à tous les païens. Toute personne qui entend l’Appel du Guerrier est libre de mener en son nom une action non violente contre les formes extrêmes d’extraction fossile.

A peu près au moment où ce mouvement a été créé, le sigle en vint à être considéré comme une protection magique qui s’est mis à vivre sa vie de son côté. Pas mal de gens l’ont tatoué sur leur corps et il a été utilisé pour des sites de fracking proposés comme lieux de protestation ou des manifs à travers le monde entier.

Alors le 28 septembre 2013, environ 200 personnes se sont rassemblées sur le Fair Field sous Glastonbury pour le premier rituel mondial de The Warrior’s Call (les gens se sont passé le mot et il y a eu des rituels simultanés partout à travers le monde).

Dans son blog, Philip Carr-Gomm, alors chef choisi de l’OBOD, le qualifia de plus grand travail magique sur terre. L’histoire de ce rituel a été racontée maintes fois. Et, du moins, ma vie ne fut plus jamais la même. Depuis lors, je me suis engagée dans davantage de rituels de protection et de défiance. J’ai aidé à gérer un camp d’entraînement activiste. J’ai tenu des discours sur l’Appel du Guerrier et cela a marché. J’ai fait mon coming out, païenne et fière de l’être !

« J’étais bien contente quand j’ai vu advenir l’Appel du Guerrier, m’a dit une activiste non païenne, l’autre jour. Enfin, les païens vont sortir de leur position à l’arrière ».

Mais l’activisme païen visible est encore l’exception davantage que la règle. Regardez les grandes manifestations que ce soit contre la guerre, le changement climatique ou pour le système de santé (National Health Service) ; vous verrez des gens marcher derrière des banderoles syndicales, vous verrez des pancartes de Greenpeace, CND, Amis de la Terre. Vous verrez, comme cela m’est arrivé lors d’une manif contre la guerre en Irak en 2003, des groupes se proclamant méthodiste, musulman, syndicat des Mères… Mais où sont les Païens ? Les Wiccans contre la guerre ? Les Druides pour la démocratie ? Les Païens pour l’espoir ?

Alors, ce que je cible dans cet article c’est l’activisme écologique dont l’invisibilité ne signifie pas pour autant l’absence. A Beltaine 2004, un article a paru dans Pagan Dawn, d’Adrian Harris, intitulé Les Païens et la terre : actifs, pas apathiques.  C’était une réponse à un article précédent de Geoff Lilley qui dénonçait un apparent manque d’activisme écologique chez les païens. Harris, lui, soulignait le rôle des membres du  Dragon Network dans la campagne pour préserver le bois d’Oxleas, au Sud de Londres : une bataille gagnée en 1993.

L’article citait aussi les puissantes actions de protestation contre la M11 Link Road, le combat pour sauver Twyford Down et la longue campagne contre le bypass Newbury, entre autres.

L’implication dans la protestation en faveur de la Nature peut générer ou résulter de sensibilités païennes qui ne sont pas toujours reconnues comme telles.

Dans son livre remarquable Nine Miles, Jim Hindle étudie les liens animistes qui ont éclos lorsque les protestataires vivaient dans les arbres des bois menacés du Berkshire. La plupart des protestataires ne se voyaient pas comme des païens.

Mais, en toutes ces occasions, indubitablement, j’ai dû sortir et rencontrer différents groupes païens, je rencontre toujours beaucoup de ces gens qui ne sont pas engagés dans l’activisme d’une manière ou d’une autre, qui ne savent pas ce qu’est la fracturation hydraulique, qui n’avaient jamais entendu parler de l’Appel du Guerrier. J’ai aussi entendu parler de païens qui étaient réticents à débattre de questions environnementales dans leur clairière parce qu’ils estiment que c’est politique et que la politique n’a pas sa place dans le paganisme. Je me permets d’être en désaccord. Le système économique qui est à l’influence dans notre société nous encourage à considérer la Terre et les écosystèmes qu’elle fait vivre comme des ressources à exploiter. Les dommages causés à la Terre et à la Nature sont vus comme de simples externalités dont le coût n’a pas à être estimé. Dans un tel système politique et économique, veiller sur le côté sacré de la terre, comme à mon avis, tous les païens doivent le faire, est inéluctablement une position politique qui, d’après moi, exige des actions.

Mais quelles actions ? Certains d’entre vous, à cette lecture, peuvent se dire que c’est bien d’être invisibles. L’Appel du Guerrier et le Dragon Network engagent tous deux les païens à s’engager dans les communautés et les campagnes locales. Pour certains, il serait difficile en tant que païens de rester en dehors. C’est un choix individuel. Travailler localement dans le monde ordinaire pour promouvoir des causes qui peuvent ne pas paraître très importantes, comme de s’opposer au développement d’un supermarché local, aide à favoriser la communauté et cela, sur la base de l’activisme.

Et, comme le journaliste du Guardian, George Monbiot le montrait, cela offre une façon possible de survivre à un monde difficile ou à un futur difficile.

D’autres, parmi vous, diront que le travail magique, en secret, est utile et important. C’est certainement vrai et c’est la seule chose que de nombreux païens peuvent faire. Mais je ne crois pas que ce soit, en soi, suffisant.

La magie est difficile à exécuter, ses résultats sont imprévisibles et elle devrait être utilisée comme une auxiliaire à notre travail concret dans nos communautés et pas comme un substitut.

J’aimerais discuter aussi de la visibilité. Pensez à la récente protestation de Standing Rock aux USA où les Sioux Lakota se sont dressés contre le pipeline d’accès du Nord Dakota qui devait passer sous le Missouri et sur leurs terres. Peu de gens en Grande Bretagne et pas beaucoup , même aux USA, avaient entendu parler de la réserve de Standing Rock avant ces protestations. Mais la visibilité de ces protestations et l’urgence de la cause ont attiré l’attention mondiale. 180 nations tribales différentes ont envoyé des lettres de soutien et beaucoup sont venus les représenter, pas seulement des USA. C’était avant tout une manifestation spirituelle et non violente qui a tenu bon malgré la violence et la provocation policières, considérables. La protestation a duré des mois causant des retards importants dans la construction du pipeline et a essaimé d’autres protestations aux USA. J’ai eu récemment le privilège de rencontrer William Hawk, un  indigène Américain qui était présent à Standing Rock. « Vous êtes l’indigène de l’endroit où vous vivez, m’a-t-il dit. Si vous voulez nous aider, travaillez à la protection de vos propres terres. »

Les païens en Grande Bretagne ne peuvent pas réclamer, comme certains le souhaiteraient, le statut de peuple tribal indigène. Mais nous avons ceci en commun : nous veillons sur la terre sacrée et si nous sommes visibles quand nous le faisons, cela peut en inspirer d’autres à chercher davantage dans les spiritualités naturelles, avec le résultat de faire davantage pour protéger leurs propres zones.

Comme le disait Jim Hinde :

« Veiller sur le monde naturel n’est pas seulement une question de survie mutuelle. C’est un retour chez nous, à notre héritage, à ce que signifie faire un avec la terre. »

Pour moi, c’est de l’activisme sacré : l’action au service de l’humanité pour quelque chose qui est plus grand que l’espèce humaine. »

 

Traduction Dominique

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