Sanctuaire de Nemetona
par Joanna Van Der Hoeven
Parfois, il faut se retirer du monde pour mieux le comprendre. Trouver un sanctuaire, un espace sacré où nous pouvons ouvrir nos âmes sans peur, où nous pouvons simplement être, est une expérience glorieuse. Cela arrive beaucoup moins que nous n’en aurions besoin dans nos vies, à mon avis.
Nemetona, Déesse du sanctuaire, est une divinité insaisissable. Peu de choses sont écrites ou enregistrées à son sujet dans les textes classiques ou l’histoire. On trouve seulement les indices les plus simples et les noms de lieux, quelques noms de tribus et quelques inscriptions. Qui est cette déesse à qui nous pouvons dévoiler nos âmes, en toute vérité d’âme?
Dans notre monde moderne, nous avons souvent l’impression de devoir nous renfermer pour ne pas être submergés – par les gens, les médias, la technologie. Pour les âmes sensibles, c’est parfois l’enfer. Nous devons permettre à nos vérités d’âme d’émerger, pour ne pas être des oiseaux en cage, derrière des barreaux, ne déployant jamais vraiment leurs ailes et ne sachant ce que signifie voler. Nous sentons que nous devons faire attention à ne pas être trop ouverts, trop émotifs, trop sensibles à ce que les gens disent ou à ce qui se passe dans le monde qui nous entoure. Nous ne souffrons pas d’être offensés, nous ne pouvons parler sans craindre d’être attaqués la plupart du temps. On nous dit que nous ne devrions pas être si sensibles. Nos âmes deviennent plus petites à chaque expérience de fermeture, ne laissant jamais personne ni quoi que ce soit y entrer.
Cet espace physique qui nous entoure, où nous ne nous sentons plus à l’aise lorsqu’une personne en qui nous n’avons pas confiance entre, est un espace précieux. C’est notre nemeton personnel, un espace où notre énergie s’étend en dehors de notre corps. Beaucoup le comparent à l’aura. Certains nemetons sont forts et rayonnants, certains blessés avec des trous béants, d’autres barricadés d’acier. Ce que nous devons apprendre, ou réapprendre, c’est à ouvrir cet espace dans l’amour et la confiance – c’est ce que fournit Nemetona, souvent dans un monde où nous avons l’impression qu’aucun autre humain n’est capable de nous fournir cela.
Créer un espace sacré est le moyen que la plupart des Païens connaissent pour se connecter avec elle. Pourtant ce n’est pas toujours nécessaire – parfois c’est libérateur de pouvoir s’ouvrir sans les gardefous du cercle magique, la coupure du monde qu’offrent certains espaces. Le plus souvent, ce sont les autres humains que nous craignons, donc ouvrir nos âmes dans la nature est le premier pas vers la liberté. Avec ou sans création d’espace sacré, Nemetona est toujours avec vous.
L’astuce consiste à s’autoriser à la sentir avec soi. Ce n’est pas l’étreinte chaleureuse de la mère – ce n’est en aucun cas vraiment « maternel ». Nemetona nous met au défi de nous ouvrir pour grandir, et elle nous offre cet espace. C’est tout.
Lorsque le moment est venu, nous quittons cet espace – parfois volontairement, parfois avec un coup de pied dans le derrière. Nous ne pouvons pas rester éternellement dans son étreinte. Pourtant, nous pouvons emporter ce sentiment d’être avec elle partout où nous allons, sachant que si nous en avons besoin, nous pouvons nous rappeler la liberté et la vérité de notre propre âme.
Nemetona nous enseigne qu’il est normal d’être sensible. C’est normal d’être émotif. C’est normal de se sentir blessé, indigné, dépassé, joyeux, enfantin et libre. Nous n’avons pas à nous désensibiliser du monde. Nous devons simplement être conscients de nos réactions au monde et, ce faisant, être capables de vivre nos vérités d’âme avec honneur et respect envers tous les autres êtres.
Notre vérité d’âme est ce que nous sommes, sans ego, sans cicatrices d’âme, sans barreaux pour nous enfermer. Souvent, cela est assimilé à un retour au vrai soi. C’est comme rentrer à la maison. C’est l’illumination et la joie. C’est plonger profondément dans les prisons que nous avons créées dans nos propres âmes, et tourner la clé pour les déverrouiller et relâcher tout ce qui nous retient.
Nemetona est là pour nous guider à travers ce processus, pas nécessairement en nous tenant la main mais en nous offrant l’espace pour l’explorer : les démons, les souvenirs, le traumatisme, le bon et le mauvais. Elle ne dira pas si c’est bon ou mauvais, car c’est tout simplement. Elle ne prendra pas parti.
En prenant du recul par rapport au monde, de temps en temps, pour nous connecter avec cette déesse et notre moi le plus profond, nous revenons plus facilement à nouveau dans le monde, à bras et à coeur ouverts, en vivant des vies remplies de compassion et d’honnêteté. Et lorsque nous sommes prêts, nous redécouvrons ce que signifie réellement la liberté.
Pour en savoir plus sur Nemetona, consultez mon livre, Dancing With Nemetona: A Druid’s Exploration of Sanctuary and Sacred Space cliquez sur le lien ci-dessous.
