Ajoncs
par Fiona Ware
L’Ajonc – Onn
Ulex Europaeus, Ulex Galli, Ulex Minor
Je suis le feu sur chaque colline.
Après la morosité de l’hiver, l’ajonc habille les coteaux et les landes d’une couverture bienvenue de fleurs jaunes au parfum capiteux. C’est l’une des premières plantes à fleurs du printemps, avec la plupart des buissons en pleine floraison en avril. Avec les abeilles nouvellement réveillées occupées parmi les fleurs, cela remplit les sens avec la promesse de miel et d’autres bonnes choses à venir.
L’Ajonc, également connu sous le nom de furze, jaugue ou joamarin, est un arbuste vivace à feuilles persistantes appartenant à la famille des pois. Il forme un arbuste très ramifié et rabougri, généralement pas plus haut de six pieds de haut. Les feuilles sont très petites et chez les plantes plus âgées, elles forment de longues épines en forme d’aiguilles. On le trouve dans les pâturages accidentés, les landes et les endroits rocailleux, préférant un sol sec.
Etymologie – du bas-latin : adjotum, ajoudum. Un adjoub, adjotum, est une terre plantée d’ajoncs. Berry, aujon, ajon, ajonsi ; Ancien français : jaam.
Le mot furze est dérivé du nom anglo-saxon « fyrs », et gorse de l’anglo-saxon « gorst », qui signifie « une friche », ce qui fait référence aux landes ouvertes où on le trouve souvent.
Les épines de la plante et son port dense font de l’ajonc une excellente plante de haie. Elle peut également être utilisée comme barrière pour protéger les jeunes plants d’arbres dans les taillis et comme couvert pour le gibier à plumes. Des branches coupées étaient placées dans des plates-bandes de légumes pour éloigner les souris et les oiseaux des cultures nouvellement plantées. Pline, qui a d’abord nommé la plante Ulex, a déclaré que les branches étaient placées dans des ruisseaux pour recueillir la poussière d’or de l’eau. Une fois séchée et brûlée, l’or pouvait être récupéré sous forme de minuscules pépites à partir de la cendre.
La nature épineuse de la plante signifie qu’elle est souvent considérée comme ayant des pouvoirs protecteurs. Au Pays de Galles, on disait qu’elle protégeait contre les sorcières.
Les fleurs sont d’un jaune profond et ont un parfum piquant de noix de coco. Bien que la principale période de floraison s’étende de mars à août, les fleurs peuvent être trouvées sur les buissons tout au long de l’année. Il existe trois espèces d’ajoncs, qui ont toutes des saisons de floraison légèrement différentes, de sorte que pour l’observateur occasionnel, il semblerait que le buisson soit presque toujours en fleurs. Cette longue floraison fit dire au pays : quand l’ajonc n’est plus fleuri, s’embrasser n’est plus à la mode.
On pense que l’habitude d’ajouter un brin de fleur d’ajonc dans un bouquet de mariée y fait allusion, la fleur toute l’année étant un symbole de fertilité continue.
En plus de son utilisation comme matériau de couverture, l’ajonc était traditionnellement rassemblé en fagots et utilisé comme amadou pour allumer des incendies. En 1864, il était cultivé dans le Surrey et dans d’autres comtés anglais spécialement à cette fin, étant populaire auprès des boulangers à qui il était vendu comme combustible pour leurs fours. Il a une forte concentration d’huile dans ses feuilles et ses branches, et s’enflamme donc facilement et brûle bien, dégageant une chaleur presque égale à celle du charbon de bois. Parce que les plantes plus âgées peuvent transporter beaucoup de bois mort, l’ajonc peut être un danger pendant les étés chauds et secs. Les cendres ont une teneur élevée en alcali et peuvent être mélangées à de la graisse animale pour produire du savon, ou de l’argile, pour former un substitut de savon. Ils étaient également répandus dans les champs pour améliorer le sol.
L’ajonc peut également être utilisé comme fourrage pour les animaux. On disait qu’un acre d’ajoncs pouvait fournir suffisamment de nourriture d’hiver pour six chevaux. Il a la moitié de la teneur en protéines de l’avoine. Les chevaux et les chèvres peuvent arracher les feuilles et les manger directement de la plante, mais il était d’usage de faire passer les branches dans des moulins en pierre ou de les frapper avec des maillets en bois. Cela écrasait les épines et réduisait le bois à une consistance semblable à celle de la mousse, ce qui le rendait plus agréable au goût, en particulier pour les vaches et les moutons. Les buissons étaient souvent délibérément brûlés afin d’encourager une nouvelle croissance, les pousses fraîches d’ajoncs et d’herbe fournissant une nourriture facilement accessible pour le bétail.
L’écorce et les fleurs produisent une fine teinture jaune. En Irlande, les fleurs étaient également utilisées pour aromatiser et colorer le whisky et les Danois étaient réputés les utiliser pour fabriquer de la bière. Ils peuvent également être utilisés pour faire du vin et du thé. Les boutons floraux récoltés et mis en pot avec un brin de macis et quelques grains de poivre, dans une solution de vinaigre de vin blanc et de sel, forment une fine marinade.
Culpepper déclare dans son herboristerie que l’ajonc était bon pour ouvrir les obstructions du foie et de la rate :
Une décoction faite avec les fleurs de ceux-ci s’avère efficace contre la jaunisse et aussi pour provoquer l’urine, nettoyer les reins de calculs.
Des études au XIXe siècle ont confirmé que la forte teneur alcaline de la plante avait un effet purgatif. Une infusion de fleurs, sous forme de boisson, était donnée aux enfants atteints de scarlatine. Elle servait également à assainir la maison :
.. contre les puces, prenez ce même moût, avec sa graine détrempée; saupoudrez-en la maison; ça tue les puces.
En fleur de Bach, l’ajonc est utilisé pour aider les personnes qui ont perdu espoir, qui n’ont aucune foi en l’avenir. Il met les gens en contact avec leurs propres ressources intérieures et les aide à aller de l’avant en libérant courage et détermination.
Dans les hautes terres écossaises, le houx et l’ajonc étaient des arbres sacrés du Cailleach Bheur, une sorcière bleue, associée à l’hiver et à la protection des animaux pendant la saison. Elle renaît à chaque All Hallows Eve (veille de la Toussaint -ndt) et ramène le temps hivernal avec son bâton magique, qui gèle le sol à chaque coup. La veille de Beltane, elle est revenue sur Terre, jetant son bâton sous un buisson d’ajoncs avant de se transformer en pierre.
En tant que l’un des arbres sacrés, l’ajonc était inclus dans les feux de joie celtiques de Beltane. Le bétail était parqué entre ceux-ci pour être purifié et protégé avant d’être relâché sur les pâturages d’été. Lorsque cette tradition déclina, des torches d’ajoncs étaient encore portées autour des troupeaux et des bâtiments de ferme afin de purifier l’air et de protéger les animaux contre la stérilité.
Tes fleurs jaunes – oh, elles me sont destinées
L’or et le soleil sont-ils mélangés
~ Moses Teggart 1908
L’ajonc est étroitement associé au dieu solaire Lugh, le dieu celtique de la lumière et du génie et à l’équinoxe de printemps, moment auquel c’est l’une des seules plantes en pleine floraison. Cependant, le folklore l’attache aux fêtes tout au long des mois de printemps et d’été comme symbole de la puissance du soleil. En Bretagne, la fête celtique de Lugnasdagh, le 1er août, est connue sous le nom de Fête de l’Ajonc Doré.
En tant qu’arbre à feuilles persistantes qui fleurit toute l’année, on voit que l’ajonc porte en lui une étincelle de la vie du soleil qui donne de l’énergie, une étincelle qui peut être vue même pendant les mois d’hiver les plus sombres. C’est un symbole d’encouragement et une promesse de bonnes choses à venir. L’ajonc nous dit de rester concentrés et optimistes, même dans les jours les plus sombres. Garder espoir et rester constant tout au long des inévitables périodes de difficultés que nous traversons tous.
En tant que l’une des premières plantes à floraison printanière, l’ajonc fournit une abondante réserve de pollen aux abeilles lorsqu’elles sortent de l’hibernation. Le produit du travail des abeilles, le miel, est le symbole celtique de la sagesse, obtenue grâce au travail acharné et au dévouement. L’ajonc nous dit que si nous nous appliquons et gardons foi en l’avenir, nous serons récompensés. Aussi sombres que puissent paraître les choses, il y a toujours la possibilité de périodes de fertilité, de créativité et de bien-être ; tandis que ses épines nous rappellent qu’il existe une protection contre les idées ou les influences indésirables.
