Équinoxe d'automne ~ Le déclin et la bénédiction
par Maria Ede-Weaving
Le mystère paradoxal et la beauté de l’équinoxe d’automne sont que lorsque l’année se termine et se dirige vers les jours sombres et plus froids de l’hiver, la terre nous bénit avec abondance. Ce mélange de déclin et de générosité me réconforte toujours car il suggère que la Terre nous fournit tout ce dont nous avons besoin pour faire face aux temps plus difficiles à venir, et cela peut être compris à un niveau plus profond : la nature nous fournit non seulement ses récoltes, mais aussi sa force, sa sagesse et son endurance.
Il y a de nombreuses années, par une belle journée de septembre, je me suis assise avec mon père dans une profonde vallée des South Downs. Nous étions en train de marcher et nous nous étions arrêtés pour le déjeuner. Le ciel était sans nuages et d’un bleu éclatant ; les aubépines et les sureaux qui poussaient le long du fond de la vallée étaient chargés de baies. Les journées ensoleillées de septembre semblent toujours répandre une lumière sur le paysage à la fois dorée et douce et pourtant claire et lumineuse, et cette journée n’a pas fait exception.
Mon père était allongé sur le côté, me tournant le dos, immobile dans sa propre rêverie. À ce moment-là, j’ai ressenti une soudaine émotion, un sentiment intérieur que je devais me souvenir de ce moment, prendre un instantané mental de mon père, si clairement dans son élément, heureux et satisfait. Je savais qu’à l’avenir, quand mon père ne serait plus là, je me souviendrais de ce tableau : le grand ciel bleu, le rouge vibrant des baies d’aubépine, cette extraordinaire lumière d’un autre monde et mon père, détendu, heureux et parfaitement lui-même. C’était un moment qui résumait l’essence de la personne que j’aimais et aussi du cadeau qu’il m’avait donné en encourageant mon amour et ma connexion à la nature.
Des années plus tard, mon père est décédé, et dans la sombre saison de chagrin qui a suivi, ce jour doré – bien que quelque chose que j’ai dû creuser profondément pour me souvenir – m’a néanmoins attiré une gratitude pour la vie de cet homme et les bénédictions que j’ai reçues en le connaissant.
Il peut être si facile d’oublier notre abondance au milieu des luttes et des distractions de la vie. On peut déplorer l’absence des choses ; nous pouvons trop nous concentrer sur le manque perçu – j’en ai certainement été coupable à plusieurs reprises – mais la beauté de l’équinoxe d’automne est qu’elle nous rappelle chaque année à quel point nous sommes vraiment bénis. Cette lumière dorée de septembre révèle la magie dans tout ce qu’elle touche, illuminant l’essence même de la nature dans toute sa généreuse abondance. Il est vrai qu’il y a une mélancolie qui pend comme la brume d’automne aux bords de cette lumière, car nous savons qu’il y a l’éphémère et avec l’éphémère vient la perte, et pourtant l’essence de nos bénédictions est immuable et éternelle.
Les fruits sucrés de l’automne sont à savourer; ils nous donnent également la possibilité de nous cacher un peu pour honorer les périodes plus difficiles. En cet équinoxe d’automne, rendez grâce pour votre récolte, pour la générosité de la nature ; préservez vos beaux souvenirs, comme des confitures et des chutneys exquis, à savourer pendant ces mois d’hiver ; pour vous nourrir quand le sol est gelé et que la vie semble suspendue et grise.
Traduction Sterdann
