Ă la fin de chaque Ă©tĂ©, le Roi Houx a combattu et remportĂ© une bataille avec le Roi ChĂȘne pour la domination de l’annĂ©e, et a rĂ©gnĂ© en maĂźtre sur la saison sombre. Ă la fin de l’hiver, une autre bataille a Ă©tĂ© livrĂ©e, cette fois remportĂ©e par le Roi ChĂȘne, qui a rĂ©gnĂ© triomphalement sur les mois d’Ă©tĂ©. Ce drame ancien a Ă©tĂ© mis en scĂšne dans la romance mĂ©diĂ©vale de  » Gauvain et le chevalier vert « , oĂč le chevalier vert gĂ©ant entre dans la cour d’Arthur au Nouvel An portant un grand buisson de houx comme insigne. Lui et l’un des chevaliers d’Arthur, Sir Gauvain, dont le nom signifie le faucon de mai, se livrent Ă un concours de dĂ©capitation. Gauvain, qui, comme son nom l’indique, symbolise l’annĂ©e de croissance, frappe la tĂȘte du chevalier vert, mais le chevalier, qui est magiquement encore en vie, lui fera la mĂȘme chose la prochaine fois, ce qui signifie, sans aucun doute, Ă la fin de l’Ă©tĂ©.
Le Houx
Voici le houx qui est si noble !– Old Carol
Un symbole de l'hiver
Pendant les jours sombres et stĂ©riles de l’hiver, le houx a toujours Ă©tĂ© prisĂ© pour ses feuilles vertes fraĂźches et ses baies brillantes, signifiant le vert de la croissance et de la fertilitĂ© et le rouge ou le sang, un arbre d’espoir et un rappel du renouveau du printemps Ă venir. Les Romains l’utilisaient dans leurs cĂ©lĂ©brations hivernales connues sous le nom de Saturnales, et cette coutume s’est peut-ĂȘtre propagĂ©e en Angleterre.
Avant l’arrivĂ©e du sapin de NoĂ«l en Angleterre au XIXe siĂšcle, une grande boule de conifĂšres et de baies de houx Ă©tait accrochĂ©e dans un cottage ou une salle, dĂ©corĂ©e de rubans, de roses en papier, de pommes et d’oranges. Trois petites poupĂ©es, reprĂ©sentant Joseph, Marie et l’enfant JĂ©sus, y Ă©taient disposĂ©es, souvent dans une scĂšne de crĂšche. On l’appelait la boule des baisers ou le bouquet des baisers, car une branche de gui pendait d’elle, invitant beaucoup d’espoir tapi en dessous !
Dans le Yorkshire, les filles portaient un buisson de houx dĂ©corĂ© de la mĂȘme maniĂšre, mais sans les personnages et le gui lors des cĂ©rĂ©monies de libations autour des vergers. Ce n’Ă©tait pas moins courant dans les zones urbaines. Ă Londres au XVe siĂšcle, par exemple, des mĂąts ornĂ©s de houx et de lierre Ă©taient installĂ©s Ă cĂŽtĂ© des sports de NoĂ«l.
Il Ă©tait important d’amener le bon type de houx au bon moment. Dans le Somerset, le houx pouvait ne pas ĂȘtre apportĂ© avant la veille de NoĂ«l, et alors seulement par un homme. Le houx stĂ©rile Ă©tait dangereux pour l’homme et la bĂȘte, et une annĂ©e oĂč le houx n’avait pas de baies, il Ă©tait sage d’ajouter du lierre ou une boĂźte Ă couronne ou Ă boule pour porter chance, car le manque de baies ne pouvait qu’indiquer l’infertilitĂ© ou la mort.
Dans certaines parties de l’Angleterre et de l’Allemagne, les houx sont appelĂ©s « il » et « elle », ceux avec des feuilles aux bords Ă©pineux Ă©tant des arbres mĂąles, tandis que la variĂ©tĂ© Ă feuilles lisses signifiait un arbre femelle. Quel que soit le type introduit, il dĂ©terminait si l’homme ou la femme dirigerait le mĂ©nage au cours de l’annĂ©e Ă venir.
Le houx et le lierre
Le houx Ă©tait souvent associĂ© au lierre, dont les mĂ»res symbolisaient la nuit et l’obscuritĂ©. Dans certaines rĂ©gions, le houx jouait le roi et le lierre sa reine comme dans le vieux chant du Somerset :
Ă le lierre, Ă, elle est la reine d’autrefois,
et le houx, il est rouge.
Accrochez-vous haut dans la ferme, et nous ne subirons aucun mal jusqu’Ă ce que les jours de NoĂ«l soient annoncĂ©s.
Le houx et le lierre mÚnent souvent une sorte de débat dans les poÚmes pour déterminer qui gouverne, comme dans le poÚme médiéval qui commence :
Houx et lierre ont fait une grande fĂȘte,
Qui devrait avoir la maĂźtrise
Dans les terres oĂč ils vontâŠ
Le houx brillant gagne généralement, comme dans le chant anglais moyen :
Non ! Lierre, non !
Cela ne sera pas, vraiment :
Que le Houx ait la maĂźtrise
Comme le veut la maniĂšre.
Le Houx se teint dans le hall
Juste Ă voir : le Lierre se tient au dehors
Il est plein de froid cinglant.
Et les vers continuent Ă rejeter le pauvre lierre en faveur du houx, dans les paroles du chant familier, encore chantĂ© aujourd’hui,
De tous les arbres qui sont dans le bois,
Le houx porte la couronne.
Festivités
Les druides considĂ©raient le houx comme sacrĂ© et l’utilisaient en particulier Ă NoĂ«l, car le bĂ©tail Ă©tait censĂ© prospĂ©rer s’il le regardait le Jour de NoĂ«l.
AprĂšs NoĂ«l, le houx avait encore un rĂŽle important Ă jouer. Ă Hogmanay dans les Highlands Ă©cossais, les garçons se fouettaient avec ses branches Ă©pineuses – pour porter bonne chance ! Chaque goutte de sang tirĂ©e de ce rite douloureux signifiait une annĂ©e de bonne santĂ© et de prospĂ©ritĂ©. Dans certains endroits, le houx de NoĂ«l devait ĂȘtre brĂ»lĂ© Ă la DouziĂšme Nuit ou la malchance suivrait. Une autre vieille coutume prĂ©voyait qu’il devait rester jusqu’au mardi gras, et une autre encore, qu’elle devait ĂȘtre conservĂ©e jusqu’Ă l’annĂ©e suivante pour protĂ©ger la maison de la foudre. En Ecosse, la veille de la Chandeleur (le 1er fĂ©vrier) Ă©tait le bon moment, avant que l’ancienne fĂȘte de Brighid ne soit accueillie dans la lumiĂšre qui revient. Dans le chant de NoĂ«l « Candlemas Eve » de Robert Herrick, le houx est remplacĂ© par une nouvelle verdure :
A bas le romarin et les baies,
A bas le gui ;
Au lieu de houx, Ă©levez maintenant la boĂźte
la plus verte, pour le spectacle.
Le feuillage Ă©tait souvent brĂ»lĂ© de maniĂšre cĂ©rĂ©monielle. Dans le Lake District, une procession annuelle avait lieu appelĂ©e le « Portage du Houx ou arbre Ă Houx ». L’arbre Ă©tait allumĂ© et Ă©tait transportĂ© Ă travers la ville, suivi par des personnes portant des torches et des branches enflammĂ©es, tandis que d’autres dĂ©clenchaient des fusĂ©es et des pĂ©tards.
Une autre cĂ©lĂšbre procession de houx avait lieu le lendemain de NoĂ«l (Jour de la St. StĂ©phane) dans certaines parties de l’Ăcosse et de l’Irlande. Dans l’ancien rituel connu sous le nom de « Chasse au Troglodyte », un ou plusieurs oiseaux Ă©taient tuĂ©s et suspendus Ă un Ă©norme buisson de houx accrochĂ© Ă un poteau, qui Ă©tait transportĂ© Ă travers la ville par un groupe de garçons, qui s’arrĂȘtaient aux maisons pour mendier de l’argent.
Un rituel de brĂ»lage Ă©laborĂ© pour la verdure hivernale avait lieu dans le Kent au XVIIIe siĂšcle oĂč les filles devaient voler un « garçon houx » parmi les garçons qui Ă leur tour devaient voler une « fille de lierre » parmi les filles. Les deux effigies Ă©taient brĂ»lĂ©es dans ce qui pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un bĂ»cher rituel pour les monarques mourants de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Une bataille similaire avait lieu dans le sud du Pays de Galles le lendemain de NoĂ«l, connu sous le nom de « Holming Day », oĂč les garçons attaquaient les filles avec des branches de houx, symbolisant sans aucun doute le triomphe du principe masculin de la lumiĂšre sur l’obscuritĂ© fĂ©minine.
Ses couleurs vivifiantes semblent en avoir fait un arbre rituel populaire Ă PĂąques Ă©galement, du moins dans le Northumberland. Au siĂšcle dernier, des garçons et des filles allaient dans les bois pour cueillir du houx le mardi de PĂąques, accompagnĂ©s du prĂȘtre de la paroisse qui jouait du violon. Ils dĂ©coraient la croix de pierre avec les branches, puis dansaient. Ici, cela semble avoir symbolisĂ© la rĂ©surrection, mais d’autres lĂ©gendes chrĂ©tiennes assimilent l’arbre au bois du crucifix et prĂ©tendent qu’il fut dĂ©sormais maudit de pousser autrement que comme un buisson rabougri et Ă©pineux. Comme les lĂ©gendes qui entourent l’aubĂ©pine, le houx aussi Ă©tait censĂ© avoir constituĂ© la couronne d’Ă©pines du Christ, et son sang a teintĂ© les baies en rouge ; « Le houx et le lierre » utilisent la fleur blanche du houx, les baies rouges et l’Ă©corce amĂšre pour dĂ©limiter les Ă©tapes de la vie de JĂ©sus. Ă l’origine, le houx vient du vieil anglais « hoelrgn » et du vieux norrois, « Hulfr », qui a donnĂ© naissance Ă son nom mĂ©diĂ©val, « hulver », utilisĂ© par Chaucer. Mais l’Ă©glise a « christianisĂ© » l’arbre en dĂ©clarant que son nom signifiait « saint ».
( = holy pour holly -NDT).
Qualités de protection et de guérison
Aussi comme le sorbier, le Houx protĂ©geait contre la sorcellerie. Des prisonniers Ă©cossais amenĂ©s Ă Norfolk pour drainer les marĂ©cages collaient des brins de houx autour des huttes oĂč ils dormaient pour Ă©loigner les sorciĂšres, probablement parce qu’ils ne trouvaient pas leur Sorbier natal. Mais les Anglais suivaient aussi cette coutume. Un gros bĂąton de houx Ă©tait une bonne chose Ă avoir quand on traversait les marĂ©cages pour rentrer chez soi par une nuit sombre, et les constructeurs faisaient de seuil des cottages avec ce bois pour que les sorciĂšres ne puissent pas entrer. Si vous voyez une vieille haie de houx autour d’un cottage, elle a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment plantĂ©e pour la mĂȘme raison. Il Ă©tait Ă©galement utilisĂ© dans la magie populaire pour les maladies physiques. Dans le Hampshire, les enfants atteints de coqueluche buvaient dans une tasse en bois de houx.
Un ancien remĂšde contre les vers consistait Ă placer du houx et de la sauge dans un bol d’eau. Lorsque le patient bĂąillait au-dessus du bol, le ver Ă©tait censĂ© tomber dans l’eau. Il Ă©tait Ă©galement utilisĂ© en flagellation pour soigner les engelures.
Dans le nord de l’Angleterre, le houx Ă©tait utilisĂ© pour la divination par les rĂȘves. Dans un rituel, des feuilles de houx Ă©taient placĂ©es sous l’oreiller pour des rĂȘves prophĂ©tiques, ou une jeune fille pouvait placer trois seaux d’eau dans sa chambre et Ă©pingler trois feuilles de houx sur son cĆur avant de s’endormir Ă la veille de NoĂ«l, le jour de l’an, au milieu de l’Ă©tĂ© ou Ă Halloween. Elle s’attendait Ă ĂȘtre rĂ©veillĂ©e par trois cris, « comme sortis de la gorge de trois ours », suivis d’autant de rires rauques. Lorsque ceux-ci sâĂ©teignaient, la forme de son futur mari apparaissait et montrait son futur attachement Ă elle en changeant la position des seaux d’eau. S’il ne s’occuperait pas d’elle, les seaux d’eau Ă©taient retrouvĂ©s inchangĂ©s dans le matin.
Maintenant que le milieu de l’Ă©tĂ© est passĂ© et que le Roi Houx a gagnĂ© sa bataille annuelle contre le Roi ChĂȘne, nous accueillons cet arbre avec ses fleurs blanches qui se transformeront bientĂŽt en baies rouges familiĂšres qui illuminent l’obscuritĂ© de notre annĂ©e.